Laurent Grasso

OttO

Jusqu’au 6 octobre 2018

Galerie Perrotin, 76 rue de Turenne, Paris 3e. Entrée libre

La galerie Perrotin présente la nouvelle exposition de Laurent Grasso (Prix Marcel Duchamp 2008), « OttO », tirée du film éponyme que l’artiste avait réalisé pour la Biennale de Sydney (2018). L’artiste, qui s’intéresse principalement à la représentation de l’immatérialité, s’est rendu dans les terres des aborigènes australiens pour mettre en scène lieux sacrés, croyances animistes et théories scientifiques.

Chacune des oeuvres présentées – films, sculptures, peintures, installations – évoque des phénomènes invisibles qui sont soumis aux effets réels ou supposés des ondes. L’artiste cherche à les rendre visible par des sphères transparentes métaphoriques volant au-dessus des terres sacrées. Sorte d’incarnation des forces animistes considérées par les aborigènes comme ayant un impact psychologique sur les êtres humains.

OttO a été tourné dans le Territoire du Nord de l’Australie. Le titre renvoie au prénom du traditional owner OttO Jungarrayi Sims, dont la silhouette apparaît dans le film et a qui a permis l’accès aux sites selon les protocoles aborigènes. Mais aussi au physicien allemand Winfried Otto Schumann (1888-1974), qui avait prédit l’existence de fréquences de résonance du champ électromagnétique terrestre dans les années 1950. Les « résonances Schuman » seront mesurées scientifiquement dix ans plus tard. Elles constituent pour l’artiste une transcription scientifique d’une forme de sacré.
Le film a été réalisé grâce à des drones ainsi que des caméras thermiques et hyperspectrales pour restituer le rayonnement électromagnétique des terres sacrées.

 

Parallèlement, Laurent Grasso recrée des machines aux fonctions mystérieuses, dont les ondes sont sensées relier le corps et l’esprit. Comme la machine de Rudolf Steiner, fondateur de l’anthroposophie ou « science de l’esprit ».

Une raie électrique en onyx gris-bleu, éclairée par des led et accrochée sur un mur bleuté qui rappelle les fonds marins, évoque le médecin romain Scribonius Largus qui préconisait au 1er siècle ap. J.-C. l’utilisation de poissons électriques pour soigner divers maux.

En face, un bronze d’un petit garçon tient dans sa main droite une pierre – de la connaissance ? – qui renvoie au roc de forme similaire appartenant au site sacré Pulka Karinya (vu dans le film OttO). La figure évoque le rite initiatique aborigène du walkabout pendant lequel les jeunes garçons sont envoyés dans le désert pendant plusieurs mois pour découvrir les signes laissés par les Anciens dans le paysage australien. Le petit garçon évoque également l’image du Salvator Mundi, souvent représenté sous les traits du Christ enfant tenant dans sa main un globe terrestre.

Une expo stimulante dans un écrin superbe, situé dans le haut Marais. Une promenade idéale pour un week-end de septembre.

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