Giacometti et l’Égypte antique

Jusqu’au 10 octobre 2021

Institut Giacometti, 5 Rue Victor Schoelcher, Paris 14e
Visite en famille le dimanche à 11h.

L’Institut Giacometti revient sur l’influence de l’art égyptien antique dans le geste graphique et sculptural d’Alberto Giacometti (1901-1966). Une exposition savante, organisée en collaboration avec le musée du Louvre.

Statuette funéraire : porteuse d’offrandes Moyen Empire, début de la 12è dynastie (1963-1862 av. J.-C.). Bois peint. Musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes. Photo © 2014 Musée du Louvre/ Benjamin Soligny

Des figures longilignes avec les bras collés au corps ou bien assises les mains posées sur les genoux tel un scribe. Des cous étirés, des profils de tête en lame de couteau, un nez ourlé presque caricatural, un visage impassible, un menton étiré.


Alberto Giacometti, Femme qui marche I, 1932-1936. Plâtre. Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP, Paris) 2021

« L’art de l’Égypte antique s’inscrit comme une ligne de fond dans les oeuvres d’Alberto Giacometti », commente Romain Perrin, attaché de conversation à la Fondation Giacometti et un des trois commissaires de l’exposition).


Fragment de relief : tête royale. Nouvel Empire, 18è dynastie, règne d’Aménophis IV Akhenaton (1353 -1337 av. J.- C.). Calcaire. Musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes. Photo © Musée du Louvre, Dist. RMN- Grand Palais/Christian Decamps

Giacometti s’intéresse à toutes les périodes de l’art égyptien, de l’Ancien Empire à l’époque romaine. Mais, plus particulièrement, à l’ère de la 18e dynastie durant le règne d’Aménophis IV-Akhenaton. Ce qui l’intéresse : l’écart entre la création et la réalité visible. « Ce pourquoi il a préféré l’art égyptien à l’art gréco-romain », précise Thierry Pautot (attaché de conservation, responsable des archives et de la recherche à la Fondation Giacometti).

C’est au printemps 1920 que Giacometti est confronté à un choc esthétique en visitant le musée égyptien à Florence. Il écrit à ses parents qu’il s’agit de la première fois qu’il est face à une statue « qui semble vivante » (décembre 1920). Il découvre ensuite les collections du Vatican à Rome. Dès son arrivée à Paris en 1922, il fréquente le musée du Louvre. « On remarque que lors de ses périodes dites de ‘crise’, Giacometti revient toujours à l’art égyptien », relève Romain Perrin.


Alberto Giacometti, Buste d’homme assis (Lotar III), 1965. Plâtre peint. Fondation Giacometti
© Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP, Paris) 2021

Le parcours met en avant cette source d’inspiration fondamentale à travers quatre thématiques : les figures debout, celles assises, les portraits, et les dessins (parfois effectués directement sur ses ouvrages) des copies d’oeuvres du musée du Louvre. Marc Étienne (conservateur en chef du département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre) précise que les recherches ont montré un lien entre la réorganisation de la scénographie du musée du Louvre entre 1929 et 1947, salles alors saturées comme cela se faisait au 19e siècle, et les dessins de Giacometti des oeuvres, mieux mises en valeur, bénéficiant d’une lumière plus naturelle grâce aux abords de la Seine.



Alberto Giacometti, Buste mince sur socle (dit Aménophis), 1954. Plâtre
Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP, Paris) 2021

Les statues de Giacometti expriment la vie non pas intérieure de leurs modèles mais leur capacité à être présente, grâce à la concentration de leur regard. Pour le matérialiser, il peint les yeux de certaines de ses sculptures, renouant ainsi avec la tradition ancienne de la statuaire polychrome.

Une exposition remarquable dans un lieu intime, magnifique, à ne pas rater !

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