Demain est annulé…
Jusqu’au 29 septembre 2024
Fondation groupe EDF, 6 rue Récamier, Paris 7e
Entrée gratuite sur réservation
La Fondation groupe EDF traite de l’une des solutions – encore peu populaire – contre le réchauffement climatique : la sobriété. Elle propose à 22 artistes d’intervenir sur ses trois niveaux pour réfléchir aux conséquences de notre mode de vie et proposer des alternatives.
Le titre de l’exposition barré – une reprise du triptyque réalisé par Rero (2023) présenté dans la première salle – indique l’optimisme de l’artiste. Si nous ne pouvons pas continuer à vivre dans une marche frénétique vers toujours plus de biens matériels, nous pouvons repenser notre mode de vie. « En nous reconnectant à la nature et en gagnant en abondance spirituelle grâce à la sobriété », commente Dominique Bourg, philosophe et commissaire scientifique de l’exposition.
La première partie du parcours fait un état des lieux du monde actuel. L’artiste Moffat Takadiwa (né en 1983, Zimbabwe) collecte les déchets plastiques et industriels que les Européens envoient dans son pays par cargo. Avec sa quarantaine de collaborateurs, ils les assemblent sur un fil de pêche pour réaliser des sculptures. Bouchons de bouteille de Coca Cola, tubes de dentifrice, anciens claviers d’ordinateur… évoquent les « vestiges du colonialisme ».
Bianca Argimó (née en 1988, Paris) critique l’inaction des COP en plantant des business men la tête dans le sable, ornant un jardin zen. Telles des autruches, les financiers et politiciens nient la réalité de l’urgence climatique, ne faisant que palabrer sans prendre de mesures concrètes.
Jordan Roger dénonce la loi votée en Floride en 2022 « Don’t say gay », qui interdit aux professeurs d’enseigner des sujets en lien avec l’orientation sexuelle. Une loi qui s’est révélée être financée par Disney. L’artiste semble reproduire le féérique château de Disney World. Mais en s’approchant, on s’aperçoit que l’oeuvre en céramique est à moitié détruite par le feu.
Gabriele Galimberti (né en 1977, Milan) interroge la surconsommation de médicaments à travers une série de photographies de couples posant avec le contenu de leur trousse à pharmacie. Italiens, Français, Japonais cumulent les petites pilules colorées. Face à eux, une famille haïtienne ne se soigne qu’avec des plantes.
Oeuvre qui entre en résonance avec celle de Rita Alaoui (née en 1972, Paris), présentée à l’étage supérieur. L’artiste dévoile un soin d’auto-guérison au henné, transmis par son arrière-grand-mère marocaine. « Il s’agit ici autant d’apprendre à guérir avec des plantes qu’à rééquilibrer notre relation avec la nature », précise Nathalie Nazoche (responsable du développement culturel de la Fondation groupe EDF), co-commissaire de l’exposition.
Odonchimeg Davaadorj (née en 1990, Paris), inspirée de l’écoféminisme, nous invite à nous ancrer à la Terre en présentant des femmes végétales qui semblent danser sur une toile de tissu.
Chloé Bensahel (née en 1991, Paris) réalise une tapisserie sonore qui mêle fibres naturelles et fil électronique. Ici les outils technologiques ne s’affrontent pas aux éléments naturels mais s’en inspirent.
Dans cette même veine, Léa Collet (née en 1989, Aulnay-sous-Bois) met en scène neuf collégiens qui interrogent des scientifiques en biologie végétale sur les possibilités de se muer en fleur.
Dans l’installation interactive de Jisoo Yoo (née en 1990, Pantin), l’image de notre corps se dissout puis se fragmente en infimes particules qui se disséminent dans l’air. L’artiste nous fait vivre en accéléré le cycle de la vie.
Des oeuvres percutantes, qui interrogent, et nous font réagir face aux enjeux de la société. Quel type de monde voulons-nous pour demain ?