La « Civilisation du végétal »

La moisson est rentrée (c) D.R.Chine – Célébration de la terre

Jusqu’au 19 septembre 2010

Espace Fondation EDF, 6 rue Récamier 75007, Entrée libre

De manière concomittante à l’Exposition Universelle 2010 qui se tient à Shanghai, la Fondation Espace EDF fait honneur à la Chine en s’intéressant à ses racines ancestrales, ancrées dans son rapport à la terre nourricière. L’exposition « Chine, célébration de la terre », propose un arsenal d’objets ingénieux, issus principalement des colllections du musée Guimet, qui soulignent ce lien particulier entre tous les hommes – y compris l’Empereur – et la nature sacrée.


Comme souvent, l’entrée dans l’espace clôt de la Fondation EDF, est un véritable dépaysement. Cette fois-ci, nous passons de la frénésie urbaine à une ambiance champêtre, accueillis par un rideau flottant de cannes de bambous, abritant des objets artisanaux en matériaux naturels. Retour aux sources.

Jean-Paul Desroches, commissaire de l’exposition (conservateur général au Musée des Arts asiatiques Guimet) a sélectionné dans la collection léguée par François Dautresme – grand voyageur passionné par la Chine – des oeuvres qui évoquent l’univers agraire et l’inspiration qu’il a suscité pendant des millénaires.

Enfant devant des hottes en bambou (c) D.R.Dès son premier voyage en Chine (1963), F. Dautresme s’intéresse aux traditions artisanales, menacées par la révolution culturelle. Pour conserver des traces de ce patrimoine ancestral, il répertorie pendant 35 ans, à travers tout le pays, des objets qu’il considère comme les témoins d’une culture à la fois populaire et savante.

Moulin à vanner le grain. Bois avec inscription 'Travaillez beaucoup pour devenir riche'. XXe siècle. Collection F. Dautresme (c) Oliver RheindorfCar comme l’explique, Jean-Paul Desroches, qu’il s’agisse de la brouette chinoise, du moulin à vanner le grain, de la machine à colonne vertébrale de dragon (noria) ou du semoir à trois pieds, toutes ces inventions sont nées en Chine avant d’avoir été transmises à l’Occident.

Cette avance technique s’explique par la particularité de l’organisation de l’empire chinois. Pendant la période Han (206 av. J.-C. – 220 ap. J.-C.), le monde agricole est géré par une armada de fonctionnaires lettrés, qui diffusent les inventions dans les bourgs dont ils ont la responsabilité. Les murs de la première salle de l’exposition représentent les illustrations graphiques des encyclopédies par lesquelles les fonctionnaires s’informaient des dernières nouveautés.

Qingengtu, 'Le premier sillon ouvert par l'empereur'. Peinture sur soie (1723-1735). Musée Guimet, ParisAu sommet de cette structure pyramidale siège l’Empereur Jaune, premier des laboureurs. Chargé de relier les hommes (la terre) au ciel, il est chargé de prier, de faire des offrandes pour invoquer les bonnes volontés de l’empereur défunt Shennong, « le Divin laboureur ». Une peinture sur soie horizontale du XVIIIe siècle, Qingengtu, illustre la cérémonie printanière du « premier sillon ouvert par l’empereur ». Celui-ci se rend d’abord à l’autel de l’agriculture, situé à l’est du palais impérial, pour prier Shennong de rendre la terre fertile. Il revêt une robe jaune, symbole de la couleur du sol. Puis, il prie auprès de l’autel du Ciel, dans une robe couleur bleue, pour implorer de bonnes conditions climatiques.
Selon la légende, l’Empereur Jaune aurait été l’introducteur des cinq céréales et de leur cuisson à la vapeur. On lui prête également l’exploitation du sel et la création des premières poteries.

« Ce tableau idyllique d’une société bien ordonnée, avec à sa tête un souverain sage, est une image qui allait profondément marquer l’Occident européen du XVIIIe siècle et en particulier les Physiocrates« , commente Jean-Paul Desroches.

Jarre ovoïde (guan). Grès chamois à couverte brune et éclaboussures bleutées. Tang (618-907). Collection Jacob, musée d'Art et d'Histoire de la ville de Saint-DenisLa seconde partie de l’exposition met en valeur un ensemble de poteries – des premières, de couleur rouge, façonnées dans les villages, à l’invention de la porcelaine qui s’est appuyée sur l’essor des villes. En passant par le développement du grès dans des centres spécialisés.

Paysan vêtu d'un costume traditionnel en fibre de palmeAprès la « terre à labourer », puis la « terre à façonner », l’exposition s’intéresse à la « terre à vêtir » et la « terre à soigner ». Les plantes, comme le bambou – déjà utilisé en fin tissage pour réaliser hottes et paniers de toutes sortes (à pêche, porcs, serpents, etc.) – le chanvre, le coton, la paille de riz ou la fibre de palme, permettent de confectionner la tenue traditionnelle des paysans.

De haut en bas et de gauche à droite: végétaux séchés, champignons séchés, racines séchées, coraux roses. XXe siècle. Collection F. Dautresme (c) Oliver RheindorfMais les plantes servent également à la pharmacopée (magnifique meuble d’apothicaire de la collection Dautresme) et à l’acupuncture – deux méthodes thérapeutiques traditionnellement utilisées en Chine et reliées à la terre, dont les ressources sont exploitées de manière raisonnée.

Une exposition qui permet de mieux comprendre la civilisation chinoise contemporaine, qui s’appuie sur de nombreux principes culturels hérités du passé. Les objets exposés sont à la fois simples et pointus, tous inspirés de la nature. La terre comme source de création, voilà de quoi alimenter l’actuel débat écologique occidental!

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Une réponse à La « Civilisation du végétal »

  1. Christian dit :

    Sympa cette exposition pour une civilisation ancestrale qui a su très bien conserver les vestiges du passé.

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