JP Gaultier, magicien des temps modernes

La Suite ELLE Décoration par Jean-Paul Gaultier, 2010 (c) Nicolas Tosi pour ELLE DécorationLa Suite ELLE Décoration par Jean Paul Gaultier

Jusqu’en octobre 2011

Cité de l’architecture & du patrimoine, Palais de Chaillot, 1 place du Trocadéro 75116, 3€

Surnommé « l’enfant terrible de la mode », le couturier Jean Paul Gaultier jette un charme magique sur la Suite ELLE Décoration à la Cité de l’architecture & du patrimoine. Entre la mise en valeur de ses pièces phares – la marinière et le corset -, et une jungle intérieure, la Suite ELLE Décoration retrouve ce brin de folie que lui avait insufflé son premier décorateur, Christian Lacroix (2008).

Tel un magicien, Jean Paul Gaultier nous éberlue par ses tours de passe passe. Dès la sortie de l’ascenseur, le visiteur est happé par les rayures qui strient la moquette jusqu’aux murs.
Dans le hall d’entrée, la métaphore marine englobe le guéridon, dans un effet de morphing inspiré du créateur néerlandais Jurgen Bey. Quant au lampadaire et à la bergère (Roche Bobois, mécène de l’exposition), ils sont moulés dans un lycra blanc, entièrement cousu main.
La scène diffuse une ambiance surréaliste. « Mon imaginaire vient en partie du cinéma. J’avais été frappé, enfant, par le bras du candélabre tenant un flambeau dans La Belle et la Bête, le film de Jean Cocteau. Durant des années, j’ai traqué ce candélabre. Quand je l’ai trouvé aux Puces, contrairement à celui du film, il ne bougeait pas évidemment. Déçu, je l’ai abandonné », confie JPG à Philippe Trétiack. Mais pas oublié pour autant: le couturier aime toujours ce qui bouge.

La Suite ELLE Décoration par Jean-Paul Gaultier, 2010 (c) Nicolas Tosi pour ELLE DécorationDans le grand salon, les effets spéciaux s’en donnent à coeur joie. Une végétation luxuriante s’infiltre à travers murs, pierres, et mobilier. « J’aime cette idée d’une nature capable de fracasser une dalle de béton ». Alors qu’on le sait citadin endurci, cette scène prouve à quel point Jean Paul Gaultier aime détourner ses propres codes.

La Suite ELLE Décoration par Jean-Paul Gaultier, 2010 (c) Nicolas Tosi pour ELLE DécorationEn atteste la chambre à coucher. Après l’immaculée conception de Maison Martin Margiela (2009), JPG file la métaphore nuptiale tout en brisant sa prude moralité en la recouvrant d’un satin chair plus qu’évocateur! Au milieu du lit trône une poupée coiffée d’une choucroute – un clin d’oeil aux provinciales d’antan – vêtue du légendaire corset JPG et dont la robe se prolonge en un étredon sensuel. La moquette et certains coussins sont imprimés de dentelle noire. Avec JPG, humour et glamour, toujours!

La Suite ELLE Décoration par Jean-Paul Gaultier, 2010 (c) Nicolas Tosi pour ELLE DécorationPour terminer sur une note féérique, la terrasse est recouverte de miroirs qui reflètent les mille lumières de la Grande Dame quand elle clignote en nocturne. « Parfois, c’est le mannequin qui dicte la création par sa couleur de peau, sa silhouette. C’est ce qui s’est passé sur la terrasse. »

Et si l’homme n’hésite pas à exprimer ses limites – « Je ne suis pas un designer. Je n’invente rien, je détourne », habiller un corps animé ou un espace, comme le prouve cette exposition, ça, il sait faire.

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