Le Brésil illustré

L’héritage postcolonial de Jean-Baptiste Debret

Jusqu’au 4 octobre 2025

Maison de l’Amérique latine à Paris, 217 boulevard Saint Germain, Paris 7e
Entrée libre

Pour célébrer la Saison Brésil-France 2025, la Maison de l’Amérique latine convie près de 15 artistes contemporains à relire les images du peintre français Jean-Baptiste Debret (1768-1848), qui a vécu au Brésil entre 1815 et 1830.

Denilson Baniwa, Arqueiro digital [Archer digital], 2017. Infogravure. Courtesie de l’artiste

Très connu au Brésil tant ses images ont imprégné les manuels scolaires et autres supports iconographiques de la vie quotidienne brésilienne, Jean-Baptiste Debret est à l’inverse tombé dans l’oubli en France. Tant ses peintures révélant le dur quotidien des esclaves noirs et aborigènes ont voulu être oubliées des sociétés coloniales.

Ami de Jean-Louis David et fréquentant la cour de Napoléon , J.-B. Debret émigre à Rio de Janeiro à la chute de l’Empereur. Il y est reçu comme un peintre officiel de la cour du Portugal émigrée. Au-delà des portraits officiels, ce qui l’intéresse c’est la vie du peuple, le labeur des esclaves face à l’oisiveté des colons. Pour cela, il s’assoit dans la rue et remplit des carnets d’aquarelle, comme le montre la première salle de l’exposition.

Denilson Baniwa, King Kong, 2021

À son retour en France, il publie Voyage pittoresque et historique a Brésil, qui dévoile les mutations de la société brésilienne post-coloniale. Un siècle plus tard, son livre est censuré par la bibliothèque impériale car il montrait de manière trop explicite la société esclavagiste. Une grande sérigraphie montre comment Debret réinterprète l’image romantique du bon sauvage dans la forêt amazonienne en remplaçant la petite famille qui marche sur une branche par des colons qui traînent femmes et enfants en esclavage. Iconographie que reprend à son tour Denilson Baniwa en y ajoutant King Kong (2021).

« Cette violence et cette critique de la réalité de l’empire colonial est le point de départ de cette exposition », commente Jacques Leenhardt (spécialiste de l’oeuvre de Debret), commissaire de l’exposition avec Gabriela Longman.

Gê Viana, Asseyez-vous pour dîner, série Actualisations traumatiques de Debret, 2021. Courtoisie de l’artiste

Gê Viana reprend l’iconographie de Debret en remplaçant les colons à table par des descendants africains (Asseyez-vous pour dîner, 2021). Heberth Sobral, lui, les substitue à des Playmobils noirs. Tiago Sant’Ana recouvre les images de sucre raffiné et laisse entrevoir la dureté du labeur des esclaves.

Tiago Sant’Ana, Refino [Raffinage], 2018

Des oeuvres visuellement fortes qui soulèvent les questionnements des artistes contemporains face à la violence toujours présente dans la société brésilienne, même si le pays n’est plus une colonie.

Taggé .Mettre en favori le Permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *