La Rivière Intérieure (O Rio Interior)
Jusqu’au 29 mars 2025
Maison de l’Amérique latine à Paris, 217 boulevard Saint-Germain, Paris 7e
Entrée libre
En avant-première de la saison culturelle France-Brésil (début officiel au mois d’avril), la Maison de l’Amérique latine invite l’artiste Cristina Barroso (née en 1958 à São Paulo) pour sa première exposition personnelle en France.

L’artiste, qui vit entre São Paulo et Stuttgart (Allemagne), est réputée à l’international pour ses oeuvres qui font référence au mélange des cultures, en particulier à travers ses cartes du monde à la géographie réinventée, et la rivière amazonienne qui traverse son pays natal.
Pour cette exposition, Léo Martin, commissaire de l’exposition, a sélectionné des oeuvres emblématiques qui retracent près de cinquante ans de carrière de cette femme « nourrie de l’ingestion des cultures étrangères » – une référence directe au mouvement anthropophagique (courant artistique issu du modernisme brésilien) -, commente L. Martin.

Une première carte géante (Nowhere, 2024) représente de loin les contours du Brésil. En s’approchant, le visiteur s’aperçoit que l’Océan Indien recouvre les terres brésiliennes avec Madagascar incorporée au sud, l’Angleterre touche la côte est du Brésil, Téhéran s’est immiscé en Patagonie… Selon l’artiste, le Brésil est loin de tout et cette carte est une manière de faire venir à elle les autres pays du monde.

La Rivière de goudron d’or (2023) évoque le fleuve amazonien, ici recouvert d’asphalt – « un matériau qui renvoie à la terre et qui est magique pour moi » (C. Barroso) – et d’un filet ondulant doré. Cette rivière se fait la métaphore du cheminement intérieur de l’artiste (The River in me).
Une idée que l’on retrouve dans les Calendriers (2002-2024) suspendus, distribués gratuitement au Brésil, objets du quotidien que l’artiste s’est approprié à la naissance de son premier fils. Chaque jour, elle dessinait dessus à partir d’un premier cercle qui allait devenir plus grand, comme le foetus qu’elle portait en elle. Une manière de patienter, de compter les jours avant la naissance, et d’exprimer sa « rivière intérieure ».
Plus loin, une cimaise est recouverte de petites cartes plastifiées, recouvertes de dessins symboliques qui traversent l’oeuvre de Cristina Barroso : la coupe de l’arbre telle une empreinte digitale – celle de la forêt amazonienne -, et son réseau veineux, mis en analogie avec le réseau sanguin humain. Nature et humanité se rejoignent sans cesse.

Comme dans les portraits des premiers gravés des Natifs, rapportés en Occident, et sur lesquels l’artiste a apposé sa marque de la coupe de l’arbre et du réseau veineux.

Je finirai par une oeuvre magnifique et symbolique : Amazonas (2017-2024), le fleuve amazone sur un fond rouge sang, qui évoque les incendies ravageant la forêt amazonienne suite à sa déforestation.
Une micro exposition (les salles du sous-sol sont inaccessibles en raison d’un surplus d’humidité) mais d’un esthétique enchanteur et d’un vif intérêt culturel et artistique.