Anri Sala

Jusqu’au 2 janvier 2023

Bourse du Commerce – Pinault Collection, 2 rue de Viarmes, Paris 1er

Le nouveau cycle d’expositions à la Bourse du Commerce s’organise autour de la thématique du passage du temps et des réminiscences de l’Histoire. L’oeuvre d’Anri Sala (né en 1974 à Tirana, Albanie) domine l’espace, se répercute entre les salles, stimule sens et esprit. Du lourd !

Vue de l’exposition. Anri Sala, Time No Longer, 2021 © Anri Sala / Adagp, Paris, 2022. Courtesy de l’artiste et Marian Goodman Gallery

La Rotonde accueille le film Time No Longer (2021), projeté sur les murs en béton de forme concave. Le bras d’une platine se pose sur un vinyle qui joue un fragment d’Abîme des oiseaux, solo pour clarinette du Quatuor pour la fin du temps d’Olivier Messiaen (1940). La bande-son fait référence à la fois au clarinettiste français Henri Akoka qui avait partagé la geôle de Messaien dans un camp de prisonniers en Pologne et à l’astronaute Ronald MacNair, saxophoniste émérite qui pensait s’enregistrer depuis l’espace. Si la navette spatiale Challenger n’avait pas explosé (1986). Le film débute et se termine sur la lumière du soleil qui affleure à la surface du globe, vue depuis la cabane spatiale vide. Image apocalyptique ?

Anri Sala, Take Over, 2017 © Anri Sala / Adagp, Paris, 2022. Courtesy: Esther Schipper, Berlin; kurimanzutto, Mexico City © Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, agence Pierre-Antoine Gatier. Photo : Aurélien Mole. Courtesy Pinault Collection

La salle adjacente diffuse de manière simultanée Take Over (2017), deux vidéos musicales, où l’on voit le clavier d’un piano mécanique et celui occupé par un pianiste. À tour de rôle sont interprétées L’Internationale dont les paroles étaient initialement écrites sur La Marseillaise, et cette dernière. Le son des deux vidéos s’entremêlent, les gros plans sur les touches du piano forment une sorte de skyline. C’est fascinant et assourdissant à la fois !

Anri Sala, Nocturnes, 1999. Projection video monocanale, film super 16 mm, 11’27 » © Anri Sala / Adagp, Paris, 2022. Courtesy de l’artiste et des galeries Chantal Crousel, Esther Schipper et Rüdiger Schöttle © Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, agence Pierre-Antoine Gatier. Photo : Aurélien Mole Courtesy Pinault Collection

Le film qui m’a le plus marquée est Nocturnes (1999), au sous-sol. La vidéo présente la vie de deux hommes, dont on ne voit pour Denis – ancien Casque bleu dans les Balkans, accro aux jeux vidéos – que le jeu des mains, et Jacques metteur en scène, collectionneur de poissons exotiques. Ce dernier fait des rapprochements entre ses poissons et les comportements humains, lorsqu’il s’agit de s’éviter ou de tuer un nouvel arrivant. De son côté, Denis raconte sa vie de soldat, son acte de tuer, les visages qui reviennent le hanter. S’il l’on ne sait pas s’il agit de faits réels ou inventés, on peut clairement imaginer qu’il ne s’agit pas de fiction et c’est bouleversant !

Avant de sortir, la Salon expose une série photographique At Dusk de Boris Mikhaïlov, réalisée en 1993, en Ukraine, tout juste indépendante. Résonance avec l’actualité qui rend mal à l’aise…

Vous ne sortez pas idem de ce cycle d’expositions. Ce jour-là, je devais enchaîner avec le vernissage des années 1980 au MAD, et l’exposition m’a paru bien légère en comparaison !

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