Tacita Dean

Geography Biography

Jusqu’au 11 septembre 2023

Bourse de Commerce – Pinault Collection , Paris 1er

L’artiste d’origine britannique Tacita Dean est invitée à la Bourse de Commerce – Pinault Collection pour sa deuxième exposition d’envergure en France, vingt ans après celle présentée au Musée d’art moderne. Passage du temps et mobilité dans l’immobilité de l’oeuvre sont le fil rouge de cette nouvelle exposition de la saison « Avant l’orage« .

Tacita Dean, The Wreck of Hope, 2022. Craie sur tableau noir, 366 × 732 cm. Photo: Fredrik Nilsen Studio. Courtesy de l’artiste, de Marian Goodman Gallery (New York / Paris / Los Angeles) et de Frith Street Gallery (Londres).

Tacita Dean vit aujourd’hui entre Berlin et Los Angeles. En dépit d’une maladie qui affecte son corps depuis ses 25 ans, elle part en quête d’inspiration lors de voyages, synonymes de mouvement mais aussi de lenteur.

Ces thèmes traversent l’ensemble du corpus présenté à la Bourse de Commerce, qu’il s’agisse des dessins, collages et peintures de la Galerie 2 ou du diaporama diffusé dans la Rotonde.

Tacita Dean, The Wreck of Hope, 2022. Détail.

Le cycle des saisons anime la Galerie 2. Trois oeuvres monumentales accueillent le visiteur. The Wreck of Hope [Le Naufrage de l’Espoir] représente un immense glacier (plus de 7 mètres de long) dessiné à la craie, dans la chaleur estivale de son atelier de L.A. en 2022. Pourtant, il incarne l’hiver, avec cette glace qui fond inexorablement à cause de l’activité humaine, alors qu’il a mis des milliers d’années à se constituer. Le titre fait référence à La Mer de glace (1823) de Caspar David Friedrich. « Ici, toute présence humaine, même de dos, est effacée », commente Emma Delavigne (Directrice générale de Pinault Collection), commissaire de l’exposition. « Des mots sont inscrits ici et là, en référence à des faits ou des amis tel Salman Rushdie, qui sont intervenus dans la vie de l’artiste », précise-t-elle.


Tacita Dean, Sakura Study (Taki I), 2022. Crayon de couleur sur tirage chromogène sur papier Fuji Velvet marouflé sur papier, 40,8 × 58 cm. Courtesy de l’artiste, de Marian Goodman Gallery (New York / Paris / Los Angeles) et de Frith Street Gallery (Londres). Photo: Simon Hanzer. Tacita

Le printemps est incarné par deux photographies de la floraison de prunus japonais, période fugace qui dure une dizaine de jours. Sakura (Taki I et Jintai I) sont représentés dans leur majesté, mais aussi leur fragilité soulignée par leurs béquilles, rehaussées au crayon blanc. Le premier se situe à proximité de Fukushima. Va-t-il pouvoir continuer à fleurir ? La difformité du tronc du second évoque les problèmes de jambes de l’artiste. Les arrière-plans sont fondus de manière à mettre en évidence la floraison, symbole de renaissance et du cycle continu de la vie.

Quatre oeuvres, réunies sous le titres de Télomère 1 -4 (2023), combinent la technique de la photogravure, la sérigraphie et la peinture ; elles incarnent l’automne. Ces collages laissent voir des traces (tâches laissées sur la table de montage de l’artiste, pied d’un ami parti faire une randonnée en montagne sans jamais revenir, papiers qui volent telles des feuilles sous l’effet du vent).


Tacita Dean, Summer Memory (détails), 2023. Mono-impressions chromatiques sur huit cartes postales vierges vintage, 9 × 14 cm. Courtesy de l’artiste, de Gemini G. E. L. (Los Angeles), de la galerie Marian Goodman (New York / Paris/ Los Angeles) et de Frith Street Gallery (Londres).

Pour l’été, Tacita Dean a demandé a des amis de lui raconter des souvenirs laissés lors de cette saison. Ces sensations abstraites sont traduites dans huit petits cadres, avec des tâches de couleur qui évoquent le parfum d’une glace, le plaisir de s’allonger dans de la mousse fraîche, le retour en vélo sous la lumière électrique des lampadaires, etc.


Tacita Dean, Geography Biography, 2023. Film anamorphique 35mm au format portrait en diptyque. Couleur et noir & blanc. Muet. 18 min. 1/2, en boucle. Photogrammes. Courtesy de l’artiste, de Marian Goodman Gallery (New York / Paris / Los Angeles) et de Frith Street Gallery (Londres).

La Rotonde accueille un film de 35mn composé de diaporama en diptyque, qui bouge lentement le long de la surface circulaire du mur. Des photographies de famille ou d’amis sont inscrites dans la bande du diaporama pour s’incruster dans un petit cercle ou un carré, au milieu d’images de cartes postales, collectionnées par l’artiste. « Ce film en mouvement est la mémoire activée de l’artiste, comme une danse », commente E. Delavigne. Le dispositif du diaporama qui tourne lentement est aussi fascinant que les images projetées.

Temporalité, lenteur, mouvement, traversent cette oeuvre qui joue avec brio de l’esthétique du collage. Je suis une nouvelle fois bluffée par la pertinence du travail des artistes présentés dans cet espace historique au coeur de Paris 🤩

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