Un thriller freudien au coeur de New York

(c) L'Interprétation des meurtres de Jed Rubenfeld. Editions du Panama, octobre 2007L’Interprétation des meurtres
Jed Rubenfeld, traduit de l’américain par Carine Chichereau, Ed. du Panama, 480p., broché, octobre 2007, 22€

La traduction française du roman de Jed Rubenfeld, L’Interprétation des meurtres, sort en France, après un succès non démenti au niveau international. Et pour cause, ce thriller réalise la performance de nous entraîner sur la voie de l’apprentissage de la psychanalyse tout en nous faisant retourner le sang, au gré de la poursuite du meurtrier qui s’attaque aux jeunes filles de la bonne société new yorkaise.

1909. Freud, accompagné de ses disciples, le Hongrois Sandor Ferenczi et l’Autrichien Carl Jung, pose pour la première fois les pieds aux Etats-Unis. Pour « apporter la peste sur le continent américain », d’après ses propres mots. Il est attendu pour donner une série de conférences sur ce qui deviendra la psychanalyse. Le succès est au rendez-vous. Pourtant, il décrira les Américains comme des « sauvages » et ne retraversera plus jamais l’Atlantique. Ses biographes n’ont jamais pu expliquer cette attitude de rejet. Hormis en avançant l’hypothèse qu’il se serait passé un événement dramatique inconnu…
Partant de cette supposition, Jed Rubenfeld construit une trame narrative sur le mode policier afin d’expliquer l’hostilité de Freud envers les Américains et en reprenant des faits divers de l’époque.

Un Jack l’Eventreur new yorkais sévit dans la célèbre ville aux gratte-ciels. « Elle était là, debout au milieu de la chambre de ses parents, vêtue seulement d’une combinaison et de sous-vêtements que les yeux du personnel de maison n’auraient jamais dû voir. Ses jambes étaient dénudées, ses longs bras minces tendus au-dessus de sa tête, les poignets liés par une corde d’où pendait un petit lustre. Les doigts de la jeune fille touchaient presque les pampilles de cristal. Son fond de robe était déchiré, devant et derrière, comme s’il avait été lacéré par des coups de fouet ou de bâton. Une écharpe ou une cravate blanche était étroitement serrée autour de son cou et entre ses lèvres […] » (p.58).
L’une des jeunes filles échappe à la mort. Mais le choc semble l’avoir rendue muette. Cas exemplaire d’hystérie que le narrateur, un jeune médecin supposé brillant, tente tant bien que mal de soigner en appliquant la théorie freudienne. Mais parviendra-t-il à faire retrouver la voix à la jeune fille à temps pour éviter un nouveau drame?

Enchaînement de mensonges qui jouent sur la psychologie des personnages, retournements de situation multiples – à peu près chacun des personnages correspond à un moment donné au descriptif du meutrier -, font de ce roman un thriller entraînant, d’autant plus passionnant qu’il expose de manière intelligente la théorie freudienne. Avec pour fond de trame la poussée de terre de la ville de New York au début du XXe siècle. Bas-fonds de Chinatown, hôtels particuliers de Grammercy Park, quartier du Bronx, défilent devant les yeux d’un lecteur tenu en haleine jusqu’à la chute. Typiquement américaine!

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