Tableaux magiques

Jusqu’au 23 février 2020

Musée Picasso Paris, 5 rue de Thorigny, Paris 3e

Le musée Picasso présente la phase créatrice du maître espagnol entre l’été 1926 et le printemps 1930. Un nouveau chapitre d’inspiration qui annonce la puissance de Guernica (1937).

Pablo Picasso, Buste de femme avec autoportrait, février 1929.
Huile sur toile. Collection particulière, Courtesy McClain Gallery
© Succession Picasso 2019

C’est le critique d’art Christian Zervos qui, en 1938, décrit dans sa revue Cahiers d’art ce corpus d’oeuvres comme des « tableaux magiques ». Au sens, selon Georges Ribémont-Dessaignes (un des artistes précurseurs de l’esprit Dada), de « […] pratique magique, si la magie est une action de l’Homme sur la nature » (« Picasso météore », Documents n°3, 1930)

L’exposition rassemble une sélection d’un vaste ensemble d’oeuvres – près de 150 peintures – aujourd’hui dispersées dans le monde entier. Elles ont pour point commun une mise en scène de têtes et de corps, surtout en intérieur (parfois dans l’atelier de Picasso), formalisés par un système de signes.

Pablo Picasso, Femme endormie dans un fauteuil, 1927.
Huile sur toile. Yokohama Museum of Art
© Succession Picasso 2019

Ces derniers prennent la forme de lignes sinueuses qui créent un double profil. L’anatomie des corps, modifiée (exagération des membres et de la gestuelle), génère un sentiment étrange et dérangeant, en particulier dans les figures endormies.

La création de ces tableaux naît du développement du goût de l’artiste pour des objets magiques issus des cultures extra-européennes, dont il possède dès le milieu des années 1920 une importante collection. Picasso se fournit auprès des marchands parisiens tels Pierre Loeb et Charles Ratton. Parallèlement, ces oeuvres sont reproduites dans les revues d’art, dont Cahiers d’art.

Pablo Picasso, La Demoiselle [Tête], janvier 1929.
Huile sur toile. Moderna Museet, Stockholm
© Succession Picasso 2019

Progressivement, les traits des têtes de femme se réduisent à des formes géométriques irrégulières.

« Christian Zervos parlait de ‘transmutation’ pour décrire les rapports des peintures magiques de Pablo Picasso avec la réalité », commente Emilie Bouvard, une des trois commissaires de l’exposition.

La transmutation intervient dans la matière ; l’atelier de l’artiste ressemble à un laboratoire d’alchimiste qui utilise des formules magiques pour réaliser ses compositions. Le profil de Picasso peut apparaître tel un fantôme ou une présence spirituelle.

Les oeuvres de cette période sont réalisées alors que Picasso réside à Cannes. Elles font écho à la thématique « Picasso-Méditerranée », développée au musée d’Art de Toulon (jusqu’au 23 février 2020), qui rouvre ses propres après d’importants travaux de rénovation. Deux expositions qui apportent des niveaux de lecture différents de l’oeuvre de l’artiste. A ne pas manquer !

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