De Millet à Redon
Jusqu’au 2 juillet 2023
Musée d’Orsay, Paris 7e
Le musée d’Orsay expose une centaine de pastels sur les 500 de sa collection. Millet, Degas, Manet, Cassatt, Redon, Lévy-Dhurmer figurent parmi les artistes clés de cette présentation.
On situe l’âge d’or du pastel au XVIIIe siècle avec notamment Rosalba Carriera, Maurice Quentin de la Tour ou Chardin, mais son usage est alors restreint au portrait ; il permet de rendre avec efficacité les effets de matière et le velouté de la carnation.
Au moment de la Révolution française, le pastel perd de son attrait. Il revient à la mode entre la seconde moitié du XIXe et le début du XXe siècle, grâce aux progrès industriels qui permettent de développer les gammes de textures et de nuances. Comme en témoigne les oeuvres de la collection du musée d’Orsay.
« Ni peinture, ni dessin, le pastel est constitué de pigments purs et crée une fleur en suspension sur le grain du papier ou la toile, dont la vibration fait la beauté mais aussi la grande fragilité », commente Caroline Corbeau-Parsons (conservatrice des arts graphiques, musée d’Orsay), commissaire de l’exposition. « Son trait permet des ondulations, des zébrures, des stries, des hachures, des aplats autant que des fondus », ajoute-t’elle.
Huit thèmes sont développés dans le parcours : portraits avec de grands formats chez Emile Lévy, Jacques-Emile Blanche et Louise Breslau qui veulent rivaliser avec la peinture. Manet, lui, privilégie les portraits en buste et les lignes épurées pour saisir le type de la « Parisienne ».
Jean-François Millet incarne la section « Terre » avec ses vues idéalisées de la vie rurale, à contre-courant de l’intensification de la révolution industrielle. Fernand Legout-Gérard représente son pendant « mer » avec sa vue bucolique d’un port de pêche breton.
Le pastel devient la technique privilégiée pour représenter les modernités liées au développement urbain. À partir de 1880-90, Degas l’utilise quasi exclusivement pour rendre le mouvement des danseuses. Mary Cassatt excelle aux représentations de scènes domestiques.
Lévy-Dhurmer impressionne par ses vues plongeantes de calanques avec des bleus électriques infusant une dose de mystère à des paysages éthérés.
On retrouve ce côté étrange et ces couleurs lumineuses chez un autre symboliste, Odilon Redon, maître de l’exploration de la vie intérieure, qui clôt avec brio cette superbe exposition.