Manet/Degas

Jusqu’au 23 juillet 2023

#ManetDegas
@museeorsay

Musée d’Orsay, Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, Paris 7e

Des chefs-d’oeuvre de Manet et Degas, géants de la Nouvelle Peinture française des années 1860-80, sont rassemblés au musée d’Orsay grâce à un partenariat inédit avec le Metropolitan Museum of Art de New York. Alors que leurs choix de vie les avait séparés, les deux artistes se retrouvent dans la postérité.

Edgar Degas (1834–1917), Femme sur une terrasse [dit aussi Jeune femme et ibis], 1857–58 (retravaillé vers 1866-1868 ?). Huile sur toile. The Metropolitan Museum of Art, New York, Etats-Unis © The Metropolitan Museum of Art

Édouard Manet (1832-1883) et Edgar Degas (1834-1917) se sont rencontrés prétendument devant un tableau de Velázquez au musée du Louvre (début des années 1860), se sont liés d’amitié, surtout après leur expérience commune de la Commune, puis se sont fâchés.

Edgar Degas (1834–1917), Monsieur et Madame Manet, vers 1868-69. Huile sur toile. Kitakyushu, Kitakyushu Municipal Museum of Art, Japon
© Kitakyushu Municipal Museum of Art

La brouille serait née d’une critique de Manet au sujet d’un tableau de Degas qui représente le premier écoutant sa femme jouer du piano, avachi sur un canapé. Manet n’est pas furieux par sa propre représentation mais par celle de sa femme. Son mari aurait déchiré la partie de toile où elle était peinte. Degas aurait repris le tableau qu’il leur avait offert, collé une bande pour refaire Mme Manet. Mais l’oeuvre est restée comme telle, comme on peut le voir dans l’exposition. Degas aurait ensuite pris une nature morte que Manet lui avait offerte en lui écrivant « Je vous renvoie vos prunes »!

Au-delà de l’anecdote, la rivalité entre les deux artistes naît d’une admiration et d’une émulation entre les deux hommes, issus d’un même milieu aisé, mais dont la vie sociale diverge totalement. Manet aime pavaner au milieu des femmes, tandis que Degas mène une vie plus recluse, accusé même d’être misogyne, alors que ses écrits prouvent qu’il aspirait à une félicité conjugale qui lui a échappée.

Édouard Manet (1832–1883), La Lecture, vers 1866 (sans doute repris vers 1873). Huile sur toile. Paris, musée d’Orsay © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Le parcours revient sur la jeunesse artistique des deux hommes avec leur fréquentation des musées dès leur plus jeune âge, leur formation en copiant des maîtres anciens au Louvre et au cabinet des estampes de la Bibliothèque impériale, leur séjour d’apprentissage en Italie (années 1850), et leur admiration commune pour Ingres ou Delacroix. Ils exposent tous deux au Salon, passage obligé des artistes vivants pour se faire un nom.

Édouard Manet (1832–1883), La plage à Boulogne, 1868. Huile sur toile. Virginia Museum of Fine Arts, Richmond, Etats- Unis, Collection of Mr. and Mrs. Paul Mellon. Photo: Katherine Wetzel © Virginia Museum of Fine Arts

Leur style diverge dès leurs premiers portraits. Manet reprend la composition des maîtres anciens en plaçant ses sujets au centre de la toile, les habille de couleurs vives. Degas préfère une palette plus opaque, cherchant l’expressivité de leur corps et de leur visage. Mêmes différences pour le traitement des scènes de plage.

Édouard Manet (1832–1883), Les courses à Longchamp ,1866. Huile sur toile. Potter Palmer Collection, Art Institute of Chicago, Chicago, Etats-Unis

L’écart stylistique est encore plus flagrant dans leur représentation des courses hippiques. Manet capture la vitesse des cavaliers, Degas préfère privilégier l’état d’esprit des jockeys juste avant le départ et le piaffement des chevaux.

Edgar Degas (1834–1917), Le tub, 1886. Pastel sur carton. Paris, musée d’Orsay © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Hervé Lewandowski

Si leurs traitements esthétiques diffèrent, ils se retrouvent dans le choix de leurs sujets. Comme leurs amitiés avec les écrivains de l’époque (Baudelaire, Zola, Mallarmé) ; la représentation de la Parisienne incarnée chez Degas par Berthe Morisot, des filles de joie, des travailleuses ; ou des nus féminins dans le « tub ».

C’est alors que Manet meurt prématurément de la gangrène en 1883. Degas réunit une collection d’oeuvres de son ancien « rival », pensant lui dédier un musée. Il en acquiert 80 entre 1881 et 1897 ; une soixantaine de gravures et huit tableaux, dont l’Olympia de Gauguin, inspirée de l’oeuvre iconique de Manet. Degas aurait déclaré à ses obsèques : « Manet était plus grand que nous ne le croyions. »

Une admiration enfin assumée, qui se dévoile dans un parcours savamment orchestré par Laurence des Cars (Présidente-Directrice du Louvre, et anciennement du musée d’Orsay), avec une logique pertinente de l’accrochage. À la fin de l’exposition, un dispositif multimédia teste vos connaissances sur les deux hommes. À vous de jouer !

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