Van Gogh à Auvers-sur-Oise

Les derniers mois

Jusqu’au 04 janvier 2024

Musée d’Orsay, Paris7e

Organisée en collaboration avec le musée Van Gogh d’Amsterdam, l’exposition Van Gogh à Auvers-sur-Oise, présentée au musée d’Orsay, se focalise sur les deux derniers mois de l’artiste, que l’on sent fébrile, agité mais incroyablement productif. Comme s’il ressentait une urgence à peindre avant de se donner la mort.


Vincent Van Gogh (1853-1890), Champ de blé aux corbeaux.Mardi 8 juillet 1890. Huile sur toile. Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation) Photo : © Van Gogh Museum, Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)

Van Gogh arrive à Auvers-sur-Oise le 20 mai 1890. Il y décède le 29 juillet, suite à un coup de revolver dans la poitrine. Fragilisé par ses crises de démence ressenties à Arles et dans l’asile de Saint-Rémy-de-Provence, il souhaite se rapprocher de son frère Théo, jeune père d’un petit Vincent.


Vincent Van Gogh (1853-1890), Le Docteur Paul Gachet
Vendredi 6 et samedi 7 juin 1890. Huile sur toile. Paris, musée d’Orsay
Don de Paul et Marguerite Gachet, enfants du modèle, 1949 © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Van Gogh s’établit à Auvers-sur-Oise, au nord de Paris, pour devenir le patient du Docteur Gachet, spécialisé dans le traitement de la mélancolie, collectionneur et ami des impressionnistes (Cézanne, Guillaumin, Pissaro). Il s’installe dans l’auberge tenue par les Ravoux.

Juste avant l’entrée de l’exposition, une installation permet de visualiser en réalité virtuelle (expérience d’une dizaine de minutes) son nouvel environnement, et de saisir son élan artistique. En deux mois, il peint 73 tableaux et 33 dessins, parmi lesquels Le Docteur Paul Gachet, L’Église d’Auvers-sur-Oise, Champ de blé aux corbeaux ; tous trois analysés dans l’installation numérique et exposés ensuite.

Le parcours introduit la vie de Van Gogh auprès du Docteur Gachet qui devient un ami. Il déjeune chez lui tous les dimanches, peint le jardin, fait le portrait du docteur et de sa fille Marguerite, qui a la parole dans l’installation numérique.


Vincent Van Gogh (1853-1890), Jardin à Auvers-sur-Oise. Entre le mercredi 18 et vendredi 20 juin 1890. Huile sur toile. Collection particulière

Jardin à Auvers-sur-Oise (18-20 juin 1890), qui représente une vue du jardin du peintre Daubigny, apporte la preuve de ses nouvelles recherches artistiques. Dans cette toile, les traces de brosse se muent de manière surprenante en points, qui alternent avec de petits bâtons plus ou moins serrés, pour représenter des massifs, aux contours surlignés inspirés de l’art japonais.


Vincent Van Gogh (1853-1890), Bords de l’Oise à Auvers-sur-Oise. Après le 17 juin 1890. Huile sur toile. Detroit Institute of Arts, Bequest of Robert H. Tannahill – Photo © Detroit Institute of Arts

Dans Bords de l’Oise à Auvers-sur-Oise (juin 1890), l’artiste se détourne de l’aspect bucolique de la scène pour se concentrer sur le sujet des loisirs (pêche, nautisme). Le feuillage constitué de hachures resserrées verticales s’oppose à celles horizontales de l’eau, dans une tonalité de bleu et de vert, qui contraste avec le fond des barques, orange ou rouge.


Vincent Van Gogh (1853-1890), Vue d’Auvers-sur-Oise. Mai-juin 1890. Huile sur toile. Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation) – Photo : © Van Gogh Museum, Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)

Mais le plus innovant est le traitement du ciel dans Fermes à Auvers-sur-Oise (fin mai – début juin 1890). Réalisé en larges touches bleues apposées par endroit sur le blanc de l’apprêt de la toile, il laisse une sensation de non-fini. Cette oeuvre est la première toile à entrer dans une collection publique en 1903 (Finnish National Gallery, Helsinki).


Vincent Van Gogh (1853-1890), Adeline Ravoux. Vers le dimanche 22 juin 1890. Huile sur toile. Collection particulière, Courtesy of Home Art

Le parcours se poursuit sur une large sélection de portraits – « ce qui me passionne le plus », écrivait l’artiste en 1890. Il réalise trois portraits d’Adeline Ravoux, la fille de l’aubergiste, et emploie un format carré, inhabituel pour le genre, car peu idéal. Il devra d’ailleurs ajouter dans l’un d’entre eux un bouquet de roses dans le coin inférieur droit pour nourrir la composition.

On retrouve ce format carré odans une petite toile qui se concentre, de manière inhabituelle, sur un détail – des Branches d’acacia en fleurs (7 juin 1890). « Un morceau de nature vu sans contexte, à contre-jour », précise Nienke Bakker, co-commissaire de l’exposition.

Avant de sombrer de nouveau dans la mélancolie, Van Gogh réalise une toile lumineuse, Les Champs (11 juillet 1890), dans une dominante de rouge-jaune-bleu ; un des derniers paysages de l’artiste. Les traits obliques et contradictoires des brins de blé, comme soufflés par le vent, témoignent de son agitation mentale.


Vincent Van Gogh (1853-1890), Racines d’arbres. Dimanche 27 juillet 1890. Huile sur toile. Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Foundation) – Photo : © Van Gogh Museum, Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)

Selon Andries Bonger, beau-frère de Theo [frère de Van Gogh], Racines d’arbres (27 juillet 1890) serait le dernier tableau de l’artiste. Il représente un entrelacement de racines dans une vue en contre-plongée. Cette oeuvre, peinte le jour même de sa mort, incarne les mots qu’il laisse par écrit : « ma vie à moi-aussi est attaquée à la racine même ».

Une exposition riche en chefs-d’oeuvres, très bien conçue, avec en point d’orgue des extraits des films relatifs à la vie de Van Gogh. À ne pas manquer !

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