L’élégance du regard
Jusqu’au 14 janvier 2023
Galerie Roger-Viollet, 6 rue de Seine, Paris 6e
La Galerie Roger-Viollet participe à la redécouverte de Laure Albin Guillot (1879-1962), adulée du gotha parisien dans les années 1930, mais tombée dans l’oubli et la ruine financière après la Seconde Guerre mondiale.
Laure Meyfredy épouse très jeune Albin Guillot, étudiant en médecine et passionné de musique. Richissime, il se consacre aux recherches scientifiques et à la composition musicale. Laure se découvre photographe à force de fréquenter le milieu artistique avec son époux. Ensemble, ils préparent des microphotographies (photographies de coupe en lamelles de substances naturelles, de minéraux, de végétaux) dont trois sont exposées ici.
Après la mort d’Albin (1929), Laure doit travailler. Elle s’installe dans le 16e arrondissement, Boulevard Beauséjour, près de la Muette. Elle réalise des portraits de personnalités du monde de la culture et des arts (Colette, Cocteau, Jean-Louis Barrault, Paul Valéry, Louis Jouvet, etc.), de la mode (Jacques Fath, Jeanne Lanvin, Hubert de Givenchy) et de la politique. Deux portraits du jeune Valéry Giscard d’Estaing et de sa future femme, Anémone, sont à retrouver dans une composition murale ! Et des anonymes de la bourgeoisie parisienne.
Avec un cadrage serré et une lumière diffuse qui enveloppe ses sujets tout en faisant ressortir leur personnalité, Laure Albin Guillot développe un style particulier qui plaît jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Pionnière en photographie du nu, en particulier masculin, elle recadre ses modèles au crayon à papier sur un tirage de lecture, avant d’en tirer une épreuve finale.
En 1928, elle participe au premier Salon des indépendants de la photographie au côté d’André Kertész. Elle est nommée directrice des archives photographiques des Beaux-Arts (1932) et fonde la Société des Artistes Photographes.
Le développement de la publicité lui offre de nouveaux débouchés. Elle signe des campagnes publicitaires, son nom faisant foi de la qualité du produit vendu.
La galerie Roger-Viollet expose une soixantaine de tirages contemporains de cette femme multifacette. Considérée comme une artiste incontournable, elle favorise la reconnaissance de la photographie comme art à part entière. Un très bel hommage à celle qui fut surnommée « la grande dame de la photographie ».