Boris Lipnitzki

Un photographe russe chroniqueur du Paris des années 1930

Jusqu’au 20 janvier 2024

Galerie Roger-Viollet, 6 rue de Seine, Paris 6e
Entrée libre.

La Galerie Roger-Viollet présente 76 tirages contemporains issus de l’immense fonds ayant appartenu à Boris Lipnitzki (1887-1971), photographe russe émigré à Paris dans les années 1920. Une monographie éclairante sur qui animait la capitale des arts et des lettres post-Belle-Époque.

Femme au volant d’une Chrysler au Champ-de-Mars. Paris (VIIème arr.), juillet 1938 © Boris Lipnitzki / Roger-Viollet

Né en Ukraine, Haïm Lipnitzky vit une jeunesse emplie de musique et de photographie. De confession juive, sa famille doit émigrer en France pour fuir les pogroms et les révolutions russes. Haïm adopte le prénom de Boris et devient photographe.

Ses compatriotes aristocratiques lui présentent Paul Poiret. B. Lipnitzky photographie non seulement ses collections mais les grandes fêtes que le couturier organise à Paris et dans les stations balnéaires huppées (Deauville, Monaco, Saint-Jean-de-Luz).

Cristobal Balenciaga (1895-1972), couturier espagnol. Paris, 1927 © Boris Lipnitzki / Roger-Viollet

En 1922, il ouvre son premier studio de photographie au 109 rue du Faubourg Saint-Honoré. Les personnalités des arts et des lettres s’y pressent. Le photographe sait les mettre en scène, les capturant souvent de profil, devant leurs oeuvres. Foujita, Picasso, De Chirico ; Cocteau, Prévert ; Coco Chanel, Balenciaga, Schiaparelli ; André Breton, Joyce, Colette, Duras, Sartre ; Piaf, Baker, Montant, Keaton… passent devant son objectif et contribuent à nourrir la célébrité de Lipnitzky. À tel point qu’il ouvre un nouveau studio, plus grand, au 40 rue du Lolisée, en 1936.

Mais deux ans plus tard les prémices de la Seconde Guerre mondiale se font sentir. En septembre 1940 ses biens sont confisqués. Lipnitzky arrive néanmoins à cacher ses milliers de négatifs sous le théâtre de l’Athénée, tenu par son ami Louis Jouvet. Grâce au journaliste américain, Varian Fry, il embarque à Marseille pour Cuba. Il y reste deux ans dans l’attente de son visa pour New York. De cette période transitoire, on ne connaît rien.

Il revient en France en 1945, récupère ses biens. Il trouve une niche : les avant-premières des spectacles parisiens. Son neveu Bertrand l’aide un temps, jusqu’à ce qu’il ferme le studio en 1965, à l’âge de 78 ans. La Bibliothèque de la Ville de Paris conserve dorénavant les archives acquises par l’agence Roger-Viollet en 1970.

Foujita (1886-1968), peintre français d’origine japonaise. Vers 1925 © Boris Lipnitzki / Roger-Viollet

Parmi les photos phares, on peut admirer un mannequin avec une robe du soir Chanel, mettant en valeur la finesse du dos nu, agrémenté de bretelles fines en dentelles (1936) ; une petite fille en tutu en position de pointes, avec le reflet des mains du pianiste à ses pieds (vers 1930) ; Brigitte Bardot enfant à son cours de danse, mise en scène debout sur un piano (vers 1946) ; le portrait de Foujita dont le buste fait corps avec le cheval de sa toile (vers 1925). Des images qui subliment les effets de contraste entre le noir et le blanc.

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