La route de la soie d’HIRAYAMA Ikuo

Chemins d'Orients. Les carnets de voyage du peintre japonais HIRAMAYA Ikuo sur la Route de la Soie. Exposition présentée à l'Espace Mitsukoshi-Etoile, Paris 8e. Jusqu'au 28 juin 2008Chemins d’Orients. Carnets de voyage du peintre japonais HIRAYAMA Ikuo sur la Route de la Soie

Jusqu’au 28 juin 2008

Espace Mitsukoshi-Etoile, 3, rue de Tilsitt 75008, 01 44 09 11 11, 6€

La Route de la Soie comme symbole des liens ancestraux entre l’Orient et l’Occident. Tel est le credo d’HIRAYAMA Ikuo qui représente picturalement les anciens comptoirs de cette route commerciale dont il ne reste souvent que des ruines. Et oeuvre en tant qu’ambassadeur de bonne volonté auprès de l’UNESCO pour que la Route de la Soie soit inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité. Un homme d’envergure qui incarne la continuité artistique et culturelle entre l’Orient et l’Occident.

Dans le cadre de la célébration du 150e anniversaire du traité officialisant les relations bilatérales entre le Japon et la France, l’Espace Mitsukoshi-Etoile rend hommage au Bunka Kôrosha (« Personnalité qui s’est mise au service de la Culture »), HIRAMAYA Ikuo (né en 1930). Grâce à son action combattante, les grottes de Dunhuang, le palais d’Angkor, etc., ont déjà été restaurées.

Passant devant les ruines de Palmyre, le matin, 2006. Paravent 4 panneaux. Polychrome sur papier. 171 x 364 cmLe plus connu des artistes japonais contemporains de la peinture traditionnelle (nihon-ga), HIRAMAYA Ikuo est aujourd’hui autant célébré pour son art que pour sa lutte pour rendre la fierté aux peuples vivant sur les abords de la Route de la Soie.

Mosquée bleue à la lumière de la lune voilée, Istanbul, 2007. Tableau encadré. Polychrome sur papier. 80,3 x 116,7 cmFidèle à la tradition bouddhiste – le tout ne fait qu’un -, l’homme, l’art et ses convictions se rejoignent intrinsèquement. Ainsi, HIRAMAYA Ikuo peint des monuments en ruine (Palmyre, Forum romain, Tumushuke, Tumshuq,..) ou encore sur pied (Taj Mahal, mosquée bleue d’Istanbul,…) qui se trouvent à la croisée de la Route de la Soie.
Passant devant les ruines de Palmyre, la nuit, 2006. Paravent 4 panneaux. Polychrome sur papier. 171 x 364 cm Dans cette même veine spirituelle, il présente des oeuvres qui sont à la fois opposées et fonctionnent par paire (vue de jour/de nuit; aller/retour des caravanes…).

Les cimes du mont sacré, Huangshan, dans la mer des nuages, Chine, 2006. Paire de paravents (4 panneaux), polychrome sur papier. 171 x 728 cmMais HIRAMAYA Ikuo s’imprègne également des techniques occidentales. S’il utilise les pigments minéraux traditionnels du nihon-ga, l’artiste sait rendre la luminosité de ses toiles à la manière des Impressionnistes. Tout en les réhaussant de nuages vaporeux en poudre d’or; ces derniers évoquent la tradition chinoise de la peinture lettrée, où montagne et eau représentent deux entités d’un paysage, avec entre-eux le nuage-brume qui forme une synthèse des deux.

HIRAMAYA Ikuo fait donc fi des continents et développe un art qui synthétise les traditions artistiques orientales et occidentales. A l’image de la Route de la Soie qui relie le bassin méditerranéen aux confins orientaux.

C’est à la suite d’un voyage en Europe, grâce à une bourse de l’Unesco, qu’HIRAMAYA Ikuo quitte pour la première fois le Japon. Sa visite en Europe lui fait acquérir cette certitude que, bien que situés aux antipodes du globe, l’Europe et le Japon sont reliés par le dialogue des arts. Un lien certes peu visible aujourd’hui, mais qui, selon l’artiste, n’a jamais cessé d’exister. D’où sa manie d’intégrer des éléments du passé (des édifices de l’ancien Kyoto) à des données contemporaines (immeubles modernes) dans une même peinture (Vue d’oiseau de Kyoto et de ses faubourgs à l’ère Heisei). Ou de faire circuler des nomades (passé) devant les ruines de Loulan (présent).

Vision de la Terre Pure de l'Ouest: temple Hôkai-ji, à Hino, 2005. Tableau encadré, polychrome sur papier. 112,2 x 162,1 cmSouffrant des séquelles de l’irradation d’Hiroshima (1945), HIRAMAYA Ikuo a presque trouvé la mort en 1958. Sa grâce l’a vu se faire tourner vers les forces spirituelles bouddhistes, qu’il intrègre dans nombre de ses oeuvres. D’une manière concrète comme dans Vision de la Terre Pure de l’Ouest: temple Hôkai-ji, à Hino et temple Byôdô-in à Uji.
L'Intarissable rapide, en amont de la rivière Oirase, Japon, 1994. Paire de paravents (4 panneaux), polychrome sur papier. 171 x 728cmOu de façon plus subtile lorsqu’il représente la beauté de la nature, par exemple, dans L’Intarissable rapide, en amont de la rivière Oirase.

Jeune fille aux fleurs de Shirakawa avec sa mère, 2004. Tableau encadré. 65,2 x 90,9 cmLes portraits de HIRAMAYA Ikuo sont moins convaincants par les traits des personnages que par la richesse de la texture de leurs costumes (cf. Maître Yamagushi, vieux tisserantd de Nishijin, âgé de 99 ans, élu « trésor national vivant ») ou de leurs attributs (panier de fleurs).

L’exposition se clôt sur l’inévitable Mont Fuji – point de passage obligé de tout artiste japonais – dont le bleu lapis-lazuli, permet de reconnaître à coup sûr l’art de HIRAMAYA Ikuo. C’était d’ailleurs une de ses oeuvres, Clair de Lune sur Itsukushima (1993), qui avait fait l’objet de l’affiche de l’exposition INTEN à l’Espace Mitsukoshi-Etoile (printemps 2007). Un lieu culturel hors du temps et pourtant si ancré dans la contemporanéité par les artistes qu’il présente. A découvrir de toute urgence!

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