Huysmans

De Degas à Grünewald
Sous le regard de Francesco Vezzoli

Jusqu’au 1er mars 2020

Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’Honneur, Paris 7e

Le musée d’Orsay présente une confrontation entre les écrits du romancier et critique d’art Joris-Karl Huysmans (1848-1907) – surtout connu aujourd’hui pour A rebours (roman phare du décadentisme) – et les oeuvres qu’il loue ou fustige de sa plume acerbe. Parallèlement, l’artiste italien Francesco Vezzoli (né en 1971 à Brescia) est invité à porter son regard sur l’exposition.

Jean-Louis Forain (1852-1932), Joris-Karl Huysmans, 1878. Pastel
Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

L’exposition s’ouvre sur les années 1876-1883 et présente les pensées de Huysmans sur les oeuvres du Salon. S’il rend hommage à Edouard Manet, Henri Gervex (Rolla, 1878) et Eva Gonzalez – peintres de la modernité -, il rit des oeuvres académiques présentées par Pierre Puvis de Chavannes (Jeunes filles au bord de la mer, 1879) et William Bouguereau (Naissance de Vénus), aux formes féminines trop « sucrées », fausses, à son goût.

Pour le naturaliste que fut Huysmans – la peinture doit décrire notre univers de façon réelle et expressive – , l’art de Degas qu’il découvre lors de la deuxième exposition impressionniste en 1976 est un choc. « L’art moderne devient dévoilement de la vérité », commente Stéphane Guégan (conseiller scientifique auprès du musée d’Orsay et de l’Orangerie), co-commissaire de l’exposition.

Odilon Redon (1840-1916), Le Sacré-Cœur, 1910
Pastel sur papier chamois, traits d’encadrement à la mine de plomb
Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowsk

Huysmans découvre également l’art de Gustave Moreau (L’Apparition, avant 1876) puis celui d’Odilon Redon (Le Sacré-Coeur, vers 1910).

De manière surprenante, modernité et christianisme ne s’opposent pas chez Huysmans. Il se réclame d’un naturalisme spiritualiste dès les années 1890. Pour lui, la Petite danseuse de Degas fait écho au Christ hyperréaliste de la cathédrale de Burgos (Espagne). Il communie, fait des retraites. Il publie le roman La Cathédrale (1898) à l’art gothique, dont le héros est Durtal, son alter ego romanesque.

L’exposition est pointue et les textes des cartels pas toujours pédagogiques. Mieux vaut se documenter sur le contexte de ces années de fin siècle pour en apprécier cette autrement magnifique confrontation littéraire et artistique.

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