Habiter écologique

Affiche de l'exposition Habiter écologique à la Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris, 2009Quelles architectures pour une ville durable?

Jusqu’au 1er novembre 2009

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-DROIT-D-ENTREE-A-LA-CITE-CITPA.htm]

Cité de l’architecture & du patrimoine, Palais de Chaillot, 1,place du Trocadéro 75116, 8€

Grenelle de l’environnement oblige, les architectes doivent se plier à des contraintes environnementales de plus en plus strictes. La Cité de l’architecture & du patrimoine fait le point sur les différentes voies qu’emprunte l’architecture moderne durable à travers le monde. Une préoccupation universelle qui n’en est qu’à ses prémices. Surtout en France!

Remise en cause de pratiques obsolètes tout en appelant à de nouvelles initiatives. Tel est l’objectif de cette exposition pour « donner aux professionnels du bâtiment et aux usagers, en particulier aux jeunes, l’envie de participer à ce challenge », explique François de Mazières, Président de la Cité de l’architecture & du patrimoine.

Groupement d'architectes, Wolfang Ritsch, Gerhard Hörburger, Helmut Kuess, Norbert Schweizer. Vue d'ensemble des deux premiers immeubles depuis l'est du parc résidentiel Sandgrubenweg, Bregenz, Autriche, 2003-2009 (c) Bruno KlomfarApproche holistique, globale et pluridisciplinaire, la démarche éco-responsable implique un habitat certes écologique, mais également en harmonie avec les spécificités culturelles de son territoire, créant du lien social – à l’inverse des tours de béton construite dans l’urgence de l’après-guerre -, et bien sûr, économiquement viable.

Frank Lloyd Wright. Projet Taliesin Nord, Spring Green, Wisconsin, Etats-Unis, 1925 (c) Archidivision Inc.L’exposition propose une récapitulation des différentes techniques mises en oeuvre par des architectes pionniers aux quatre coins du monde. A commencer par F. L. Wright (1867-1959, inventeur de l’architecture « organique ». Pour ce célèbre architecte américain (Prairie Houses, Fallingwater House, New York’s Guggenheim Museum), la maison doit naître de l’osmose entre l’esprit du lieu et le besoin de ses habitants, à la manière d’un organisme vivant.

Hassan Fathy. Vue générale de la place centrale du village de Gourna, Egypte, 1948 (c) Chant Avedissian, Aga Khan Trust For CultureAlvar Aalto (Finlande), protecteur des « petits hommes » contre l’envahissement des bâtiments industriels, Sverre Fehn (Norvège), Pierre Lajus (France), défenseur de l’habitat en bois, Hassan Fathy (Egypte) qui offre une alternative à la climatisation, ouvrent la voie à une empreinte architecturale pro-environnementale.

En France, le choc pétrolier de 1973 a eu pour effet de construire des centrales nucléaires pour garantir l’autonomie énergétique du pays. Parallèlement, un mouvement intellectuel se met en place pour utiliser au mieux l’énergie solaire(vous pouvez même maintenant acheter une lampe solaire!), baptisé architecture bioclimatique.

Si l’essor industriel, fondé sur l’exploitation d’une même source d’énergie – le charbon, puis le pétrole – a généré un modèle d’organisation industrielle que l’on pensait universel, le développement durable propose aujourd’hui une pluralité de voies, ayant recours à différentes énergies en fonction des particularités propres à chaque société.

« Penser global, agir local », tel est le créneau de la nouvelle génération d’architectes, qui n’hésitent pas à réinterpréter les techniques anciennes en les associant aux technologies modernes pour répondre au défi d’un habitat 100% recyclable. A la campagne (cf. les éco-hameaux du Prince Charles en Angleterre) comme en ville (cf. les logements collectifs à Paris 19e de Jakob + Mac Farlane).

L’exposition se termine sur les résultats de l’appel à idées, lancé auprès de huit équipes d’architectes européens (cinq françaises + le Finlandais Olavi Koponen, l’Italien Mario Cuccinella et l’Autrichien Wolfang Ritsch) et d’étudiants en architecture sur les nouveaux modes d’habitat. Les propositions devaient prendre en compte la solidarité inter-générationnelle (comme la cohabitation de deux familles monoparentales ou des étudiants avec des personnes âgées). Les logements devaient pouvoir s’adapter aux transformations de la cellule familiale et respecter des critères environnementaux (gestion de l’eau, des énergies, des matières premières, du sol) dans le milieu urbain parisien.

Présentée sur des panneaux à base de bois et de carton alvéolaire, disposés en accordéon pour permettre à l’ensemble de tenir sans structures rapportées, l’exposition se veut 100% écologique. Si l’intention est louable, la pratique reste peu amène. Lire une succession de panneaux en hauteur s’avère à la longue inconfortable.
En revanche, les salons dans l’aile latérale, réalisés en isolants thermiques recyclés et recyclables, sont un clin d’oeil pertinent à la surconsommation énergétique et aux dégâts environnementaux qu’elle génère. Ils apportent un côté pratique à l’exposition en expliquant aux usagers quelles sont les matières dont ils disposent concrètement pour construire leur maison le plus écologiquement possible.
Autre point positif: les textes sont directement imprimés au latex sur les panneaux de bois pour éviter la toxicité de la colle et le gaspillage du papier.

Soleil (c) GabsL’ensemble reflète l’état actuel des recherches en matière écologique. Des produits qui fusent de toute part mais qui touchent une petite cible d’initiés. Quelques innovations performantes mais pas toujours compétitives. Le manque de solutions écologiques applicables aux villes – les toits de chaume, pourquoi pas mais difficilement envisageables à Paris! Si les pays nordiques incluent depuis le début du XXe siècle la donne environnementale, la France a encore bien du chemin à parcourir.

D’où l’intérêt de l’exposition-atelier proposée en parallèle pour éduquer le jeune public à l’éco-responsabilité. Isolation, réduction et tri des déchets, utilisation de matériaux naturels, saine gestion du chauffage, économies d’eau… une multitude d’éco-gestes qui auront d’autant plus d’impact que nous serons nombreux à les mettre en oeuvre. Selon Elodie Brisson, commissaire de l’exposition-atelier, si un Français sur mille choisissait le modèle le plus écologique lors de l’achat d’un lave-vaisselle ou d’un lave-linge, cela représenterait une économie de plus de 120 millions de litres d’eau potable chaque année…

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