Amedeo Modigliani

Un peintre et son marchand

Jusqu’au 15 janvier 2024

Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, Paris 1er

Le musée de l’Orangerie explore la relation entre le jeune galeriste Paul Guillaume (1891-1934) et le peintre-sculpteur Amedeo Modigliani (1884-1920), dont le musée détient aujourd’hui cinq oeuvres.


Amedeo Modigliani (1884-1920), Nu couché, 1917-18. Huile sur toile © Pinacoteca Agnelli, Torino, Italia

Peintre italien d’origine juive, Modigliani arrive à Paris en 1906. Il évolue entre Montmartre et Montparnasse, deux quartiers populaires chez les avant-gardistes. Modigliani se consacre à la sculpture entre 1909 et 1914 puis reprend la peinture autour de la figure humaine. Les personnalités qui l’entourent, des modèles et des anonymes lui sont nécessaires pour créer : « Pour travailler, j’ai besoin d’un être vivant, de le voir devant moi », confiait sa fille Jeanne.

Le parcours présente essentiellement des portraits, et les arts extra-occidentaux qui l’ont inspirés. Point commun qu’il entretenait avec son galeriste Paul Guillaume. Dès l’ouverture de sa galerie, ce dernier expose des sculptures africaines et des tableaux modernes. Modigliani, lui, fréquente le Musée ethnographique du Trocadéro.


Amedeo Modigliani (1884-1920), Paul Guillaume, Novo Pilota, 1915. Huile sur carton collé sur contre-plaqué parqueté © RMN-Grand Palais (Musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski

L’exposition débute sur les portraits de P. Guillaume, peints, dessinés et photographiés. Entre 1915 et 1916, Modigliani réalise quatre portraits de son mécène, qui n’a alors que 23 ans. Dans Paul Guillaume, Novo Pilota (1915), l’artiste le représente en costume, ganté et cravaté comme « un pilote visionnaire de l’avant-garde », précise Cécile Girardeau, co-commissaire de l’exposition. L’inscription novo pilota suggère l’espoir que suscite le galeriste auprès de la génération de peintres comme Modigliani, de Chirico ou André Derain.


Artiste fang, Gabon. Masque, XVIIIème siècle. Bois, fromager. Avignon, musée Angladon, collection Jacques Doucet © Fondation Angladon-Dubrujeaud

La salle des trois bustes de femme et des sculptures africaines, essentiellement Fang (Gabon) est saisissante. Les têtes sculptées et peintes ont une même forme ovale, des yeux en amande, un long nez, et un simple trait en guise de sourcils. Les formes angulaires que peuvent avoir le nez rappellent les innovations cubistes.

Amedeo Modigliani (1884-1920), Portrait de femme, dit aussi La Blouse rose, 1919. Huile sur toile. Avignon, musée Angladon, collection Jacques Doucet © Fondation Angladon-Dubrujeaud

En mars 1918, Modigliani séjourne dans le Sud de la France pour échapper aux bombardements de Paris. Il est accompagné de sa compagne Jeanne Hébuterne, enceinte de leur fille (Jeanne). De cette période méridionale naissent des portraits plus lumineux (Portrait de femme dit aussi La Blouse rose, 1919), mis en valeur par la couleur des cimaises. Si Léopold Zborowski devient le second marchand de l’artiste, des clichés montrent Modigliani marchant sur la promenade des Anglais aux côtés de Paul Guillaume, leur amitié n’ayant jamais cessé. Ce dernier fait toujours l’acquisition d’oeuvres de Modigliani et les vend en France comme à l’étranger.

La dernière salle de l’exposition diffuse un film avec les galeries et résidences de Paul Guillaume. Des oeuvres de Modigliani, Picasso, Matisse, Renoir, Cézanne et Derain illuminent l’intérieur de son superbe appartement avenue du Maréchal Maunoury dans le 16e arrondissement.

Un parcours fluide, aéré, captivant.

À noter : le vendredi 1er décembre à 10h à l’auditorium du musée d’Orsay, conférence sur « Modigliani et le marché de l’art parisien (1900-1909) ». Experts des échanges artistiques et historiens des avant-gardes étudient les circuits qu’ont empruntés les oeuvres de Modigliani et celles extra-occidentales, dont il s’est nourri.

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