Alive (en vie)

Aux frontières du design

Jusqu’au 1er septembre 2013

Espace Fondation EDF, 6 rue Récamier, Paris VII, Entrée libre

 

 

Créer avec le vivant. Tel est la nouvelle révolution pacifique qui est en cours dans les laboratoires, pendant que nous dormons! Enfin, pas tous. Le vivant est un sujet déjà connu de quelques spécimens humains férus de raw food. Ici, ce sont les designers qui utilisent la matière vivante pour, tenez-vous bien, créer du mobilier ou des vêtements à partir de bactéries, champignons et algues! Une exposition présentée par l’Espace Fondation EDF, qui permet de penser le monde de demain en réintégrant la nature… il était temps?

 

Ces nouveaux designers sont appelés « bio-hackers » car ils collaborent avec des scientifiques qui utilisent la biologie synthétique, biotechnologie qui a pour base le vivant.  « Aujourd’hui, ils savent transformer les bactéries en raffineries de biocarburant ou en fabriques de soie. Ils peuvent faire produire de l’arôme vanille à une levure. Ils ont réussi à reprogrammer un moustique pour combattre le paludisme », explique Carole Collet.

Chercheur, designer, et maître de conférence au Central Saint-Martins College à Londres, la commissaire de l’exposition, présente elle-même un de ses projets : Biolace, basilic et fraise noire (2010/12). Il s’agit d’unir un fraisier qui fait pousser des fraises noires et de la dentelle parfumée au basilic. Une manière de remettre en cause l’impact écologique de l’industrie textile. Tout en offrant une solution hybride qui produit des fruits enrichis en vitamines en même temps que du textile qui pousse par les racines.

La première partie de l’exposition est la plus captivante. Le visiteur est accueilli par la forêt interactive de Philip Beesley. Constituée de capteurs tactiles, elle réagit aux déplacements humains et provoque des mouvements de caresse et de respiration. Il ne faut pas hésiter à tirer sur les fils, ce qui déclenche tout un tas de choses bizarres, et évitez de crier en même temps!

J’ai, bien sûr, adoré l’imprimante d’algues de Marin Sawa qui permet d’imprimer sur du papier de riz (comestible, donc, j’ai posé la question pour en être sûre!) les jets d’algues bourrées d’oligo-éléments.

Emile de Visscher a créé une nacre faite par l’homme en copiant le modèle de l’huître. Un objet est passé dans des bains de matières polarisées dispersées dans de l’eau. A chaque immersion, une couche infime se colle et adhère par force électromagnétique. Ce nouveau matériau possède la même beauté que la perle ainsi que ses propriétés : résistance à la fracture et légèreté. Une collection de perles sera produite tout au long de l’exposition et récoltée les 22 juin, 27 juillet et 24 août 2013.

Les chaussures en cellulose microbienne de Suzanne Lee sont certes innovantes mais guère esthétiques!

Idem pour le mobilier à base de champignons de Phil Ross, ou la chaise de Terreform One + Genspace, à base de cellulose, dont l’aspect ne donne pas vraiment envie de s’assoir dessus. A quand le fauteuil de bureau en algues ? Plus glauque encore, l’E.Chromi d’Alexandra Daisy Ginsberg et James King : l’ingestion de ces bactéries coloniseraient l’intestin et indiqueraient en fonction de la couleur des selles qui en résultent si votre corps est malade!

Ces designers, artisans du futur, ne se contentent pas d’inventer des matériaux du futur, plus écologiques et répondant aux enjeux de notre société. Mais ils questionnent le potentiel de ces biotechnologies – que penser du cactus de C-Lab, dont les piquants sont remplacés par des poils humains? Une exposition stimulante, assurément!

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