Wu Tsang

Visionary company

Jusqu’au 3 janvier 2021

Lafayette Anticipations, 9 rue du Plâtre, Paris 4e
Entrée libre pour les expositions
#expoWuTsang

Wu Tsang est une artiste cosmopolite qui réalise de l’art tentaculaire. Pour elle, l’art en solo n’a pas de sens. Ses oeuvres font appel à de multiples médias et reposent sur un collectif d’artistes. Elle expose pour la première fois à Lafayette Anticipations.

Wu Tsang, The Show is Over, 2020

Elle se sent plus compositeur qu’artiste. Son travail fait entrer en résonance musique, danse, performance, théâtre.

Wu Tsang, The Show is Over, 2020

Pour le bâtiment original de Lafayette Anticipations, elle a imaginé une oeuvre où le son voyage à travers les étages. Le premier niveau expose la pièce principale : The Show is Over (2020), sorte d’opéra en plusieurs scènes dans lesquelles des danseurs bougent au rythme du texte Come on, get it ! de Fred Moten (poète et académicien africain américain). La chorégraphie évoque l’histoire des Noirs – en résonance avec l’actualité de Black Lives Matter -, les rapports de pouvoir, l’oppression, l’aliénation, la libération. Le film fait apparaître l’escalier de Penrose, cet escalier en trompe-l’oeil, fondé sur un triangle, qui simule un escalier infini, comme une métaphore de la multiplicité des points de vue et des réalités qui en découlent.

Wu Tsang, Sustained Glass, 2019

Le second étage abrite une boîte avec un néon écrivant « The Fist is still Up » et des panneaux en verre Sustained Glass illuminant des textes qui s’effacent et se mélangent, inspirés du dernier livre de Fred Moten All that Beauty et de l’essai Sudden Rise at a Given Tune, coécrit avec Wu Tsang. La vitre a été dépolie à l’acide tel un acte métaphorique de la toxicité du langage. La bande-son de l’étage inférieur parvient jusqu’à cette sculpture en verre, née de sa collaboration avec l’un des derniers producteurs de verre soufflé en Bavière (Allemagne).

Extrait de Moved by the Motion

Le dernier étage accueille l’oeuvre que j’ai préférée : la vidéo (3’32mn) Sudden Rise créée par Moved by the Motion, une collaboration entre Wu Tsang, Boychild et Patrick Belaga. À l’origine, ce film était projeté au début de performances théâtrales alors qu’ici il est placé en fin de parcours. Pour mieux altérer les frontières entre performance, vie réelle, début et fin. Les images en accéléré sont un pêle-mêle de références à l’impérialisme maritime, la traite des esclaves, la perspective à point unique développée au Siècle des Lumières, les formes fantasmagoriques du théâtre d’horreur du XVIIIe siècle. La vidéo se termine par un lever de rideau métaphorique. Le tout sur une bande-son composée par le groupe d’artistes dirigés par Wu Tsang. D’où son impression d’être un compositeur et de seulement « jouer le rôle de l’artiste ». L’ensemble sort des sentiers battus, c’est stimulant voire visionnaire !

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