Sur la route des chefferies du Cameroun

Du visible à l’invisible

Jusqu’au 17 juillet 2022

#RouteDesChefferies
@quaiBranly

Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris 7e

Le musée du quai Branly – Jacques-Chirac propose une expédition d’envergure sur les sociétés camerounaises des Grassfields. Plus de deux cents oeuvres sacrées et profanes sortent pour la première fois des chefferies et sont mises en scène dans une reconstitution de l’habitat, de la nature et des coutumes locales. L’ensemble a été organisé par les chefs camerounais eux-mêmes.

Les Grassfieds, hauts plateaux de l’Ouest et du Nord-Ouest du Cameroun, ont cultivé un patrimoine unique, toujours vivant, dont la préservation est aujourd’hui présentée sous nos yeux ébahis d’Occidentaux.

Porte d’entrée de la chefferie Bana © La Route des Chefferies, photo Nicolas Eyidi

Le parcours débute avec la reconstitution d’une chefferie bamiléké. Le visiteur doit passer sous un porche orné de deux représentations de défenses d’éléphant, censées garder les mauvais esprits à distance.

Porteuse de calebasse en bois de la chefferie Foto © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Léo Delafontaine

Une grande allée, décorée de part et d’autre d’une fresque, donne sur des cases présentant les arts spécifiques de la société bamiléké : celui de la forge et celui des calebasses, utilisées en tant que plante médicinale, objet de musique ou simple contenant. « L’axe de vie » mène au palais du chef, à l’intérieur duquel sont exposés des totems en bois surmontés d’animaux sacrés.

Derrière le palais figure une forêt sauvage sacrée, uniquement accessible au chef et aux sorciers. Dans cette nature reconstituée, on retrouve des calebasses de médecine et des sculptures d’animaux.

Totem éléphant géant © La Route des Chefferies

Le chef (fo), dont le statut officiel administratif est reconnu depuis la fin des années 1960, joue auprès de sa communauté un rôle symbolique primordial entre les ancêtres et les vivants. Des tenues spécifiques de funérailles sont exposées en face d’un géant totem en forme d’éléphant, dont l’existence remonte… au 16e siècle ! Pour les Grassfields, l’éléphant symbolise à la fois la grandeur, la richesse, l’humilité, le pouvoir, la sagesse et la douceur – traits de caractère attribués au chef. Ce totem est utilisé lors des cérémonies de purification des chefferies pour favoriser la fertilité et l’abondance et sert de protection contre les malédictions.

Oeuvre contemporaine qui sert de transition entre la première et la seconde section de l’exposition, Alo-alo (2018) d’Hervé Youmbi est constituée de sept totems sculptés par des artisans spécialisés et perlés par Mama Wouochawouo à Foumban.

rône royal perlé, représentant Notuégon, le fondateur de la chefferie Bandjoun © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Léo Delafontaine

La salle suivante présente seize trônes sculptés, recouverts de perles de verre, de cauris, de peau de bêtes sauvages, ou encore du tissu caractéristique ndop (couleur bleu indigo avec des motifs géométriques blancs). Des tenues traditionnelles de chefs sont également exposées.

Costume de reine en Toghu, porté par sa détentrice la reine Nkwen, Mancho Calista Nchangwie © La Route des Chefferies, photo Nicolas Eyidi

Les femmes jouent un rôle important chez les Grassfields bien qu’il s’agisse d’une société patriarcale. En portant les enfants du chef, la reine incarne la fertilité de la société et joue le rôle de transmission de l’héritage culturel et spirituel des sociétés. Dans certaines chefferies, la femme peut choisir son mari, posséder ses propres terres et assurer la régulation du pouvoir du fo. Cette section présente des tenues typiques de reines lors des sorties officielles avec les chefs, un trône, et deux maternités en bois.

Masque tukah porté © La Route des Chefferies

La dernière partie de l’exposition évoque les sociétés secrètes qui jouent le rôle de contre-pouvoirs, en contrôlant et conseillant le chef. Leur pouvoir se manifeste lors de grandes cérémonies dansées, présentées dans une sélection de vidéos, qui témoignent de la dimension profondément vivante de cet héritage patrimonial.

Une exposition qui donne une autre image du Cameroun et de l’art africain. À voir absolument !

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