Des dons et des dieux au temple Mayor
Jusqu’au 8 septembre 2024
#ExpoMexica
Musée du quai Branly, Paris 7e
Quatrième exposition consacrée aux civilisations de la Mésoamérique au musée du quai Branly, « Mexica » est la première à révéler les recherches archéologiques effectuées au temple Mayor à Mexico, depuis les années 1970.
Huehuetéotl © D.R. Secretaría de Cultura-INAH-MEX. Museo del Templo Mayor
Le parcours débute par un film introductif de cinq minutes sur l’histoire du peuple mexica qui règne dans le bassin de Mexico du XIIIe siècle à 1521. Des petits groupes nomades venus d’Aztlan, de langue nahuatl, s’imposent malgré la présence d’autres peuples (Mayas, Huastèques, Purepechas, Chichimèques, Zapotèques, Mixtèques…), dans le bassin de Mexico. Ils s’établissent sur de petites îles dans la partie ouest du lac de Texoco.
Sur deux de ces îles, ils fondent Tenochtitlan (1325), leur capitale (future Mexico), et Tlatelolco (1338). Grâce au programme Proyecto Templo, les murs d’enceinte de Tenochtitlan, qui encadrent plusieurs temples, sont progressivement mis au jour dans les actuels sous-sols de Mexico.
L’exposition révèle les dimensions symbolique, religieuse et artistique de ce qui a été le plus grand empire de la Mésoamérique. Il a abrité jusqu’à 200 000 habitants au XVIe siècle. Il a périclité sous les armes des conquistadors espagnols, menés par Hernán Cortés, qui a fondé la Nouvelle-Espagne.
La société mexica est marquée par de nombreux rituels sacrificiels. Près de 200 offrandes retrouvées dans le Templo Mayor sont ici présentées.
On trouve principalement des statuaires animalières qui correspondent à la cosmogonie de leurs dieux (jaguar, aigle, crocodile, serpent), des bijoux en matières précieuses (or, jade, turquoise), des objets rituels, et des ossements sacrifiés.
La pensée mexica est marquée par la dualité, l’opposition qui se complémente. Le dieu créateur de l’univers et de l’humanité, Quetzalcoatl, représente la fusion d’un serpent et d’un oiseau, deux pôles opposés, l’un souterrain, l’autre céleste. Non loin, une figurine en pierre verte, a le visage scindé en deux : sa face gauche incarne un personnage vivant, sa face droite symbolise Tlaloc, dieu de la pluie, qui vit dans le monde souterrain ou monde des morts comme le montre sa mâchoire décharnée. « La figurine résume le cycle vie-mort », précise Steve Bourget, un des trois commissaires de l’exposition. « L’un ne va pas sans l’autre. »
Les métaux eux-même sont symboles d’opposition : les pierres vertes comme la jade sont associées à la terre, à l’humidité, à la fertilité. L’or est associé au ciel, au soleil, à la guerre. L’obsidienne, noire et froide, incarne l’inframonde. Le silex est associé au feu et au ciel, par ses étincelles.
Idem pour les instruments de musique. Le tambour, féminin, relève de l’inframonde. La flûte, masculine, est associée au ciel. La musique mexica accompagne les performances théâtrales, les danses religieuses, les départs et retours de combats, les sacrifices.
« La religion et les nombreux rituels ponctuent tous les aspects de la vie, de la naissance à la mort », commente Leonardo López Luján, directeur du Proyecto Templo Mayor. « Les dieux supervisent l’existence mexica ».
Ce sont les rituels, l’offrande de nourriture et les sacrifices qui permettent d’assurer l’équilibre précaire du monde. Les hommes se sentent redevables envers les dieux qui les ont créés et subviennent à leur besoin. Comme le fruit de leur labeur ne suffit pas, ils doivent donner de leur propre sang, et à la fin de leur vie, leur dépouille. Les Nahuas de la Sierra Norte de Puebla du Mexique ont conservé cette pensée : « La très sainte Terre Mère nous nourrit, puis elle nous mange ». Une sélection d’offrandes est présentée comme si on se trouvait dans le Templo Mayo.
Le parcours se termine sur la reconstitution de l’offrande au moulin, effectuée encore aujourd’hui une fois par an, pour la réussite du travail de broyage. Une prière catholique est récitée, puis vient le sacrifice de volailles. Des légumes, fruits, sucreries, cigarettes, sodas, bougies, sont offerts à la terre et aux saints, puis donnés au moulin pour le nourrir.
Une exposition événement qui s’accompagne d’une programmation culturelle jusqu’à l’été, avec de nombreuses activités gratuites (performances, cinéma, ateliers…). À ne pas manquer !
