Le pari de l’impressionnisme

Pierre-Auguste Renoir, Paul Durand-Ruel, 1910, Huile sur toile, 65 x 54 cm, Archives Durand-Ruel © Durand-Ruel & CiePaul Durand-Ruel

Jusqu’au 8 février 2015

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-PAUL-DURAND-RUEL—ENTREE-SIMPLE-DURES.htm]

Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, Paris VI

Catalogue de l’exposition : 

DVD  de l’exposition : 

Dans la veine des expositions consacrées aux grands collectionneurs (Ambroise Vollard, Henri Kahnweiler), le musée du Luxembourg s’intéresse à Paul Durand-Ruel (1831-1922). Que l’on pourrait définir comme le parrain des impressionnistes et le père du marché de l’art moderne.

La majeure partie des grandes collections impressionnistes se sont constituées auprès de la galerie Durand-Ruel au début du XXe siècle.

Le parcours s’ouvre sur les portraits de Paul Durand-Ruel (1910) et de ses cinq enfants (1882), Joseph, Charles, Georges, Marie-Thérèse et Jeanne. Son épouse n’est pas représentée car elle décède en 1871. Deux pans d’armoire peints par Monet sont également reconstitués.

La salle suivante présente des fleurons de la collection de Durand-Ruel, conservés chez lui dont trois oeuvres de Renoir : La Danseuse  (1874) – motif rare chez lui -, La fille au chat (1880) et La Tasse de thé (1878). A noter également un superbe buste en marbre de Rodin, Jeune mère à la grotte (1893 ; Philadelphia Museum of Art).

« On n’apprécie bien une œuvre d’art que lorsqu’on la possède et que l’on vit avec elle », aimait à dire Paul Durant-Ruel (1939).

Né à Paris, il décide de reprendre la papeterie de son père, qui vendait des fournitures pour les artistes, après avoir eu une révélation devant des Delacroix à l’Exposition universelle de 1855.  Sa galerie deviendra l’une des plus importantes d’Europe, en dépit de quelques aléas financiers. Elle est située rue Laffitte (Paris IX), là où réside la clientèle ayant les moyens de s’offrir des toiles.

L’exposition se concentre ensuite sur les acquisitions du marchand pour sa galerie ou sa collection personnelle. Elle se clôt, non pas sur le décès du marchand, mais sur l’exposition de 1905, aux Grafton Galleries à Londres – la plus importante pour les Impressionnistes, tant en nombre que de qualité des oeuvres. Sur les 315 oeuvres présentées, 96 sont issues de la propre collection du marchand. Car celui-ci n’hésite pas à montrer les toiles d’un artiste afin de convaincre de son talent, même si elles ne sont pas à vendre !

Claude Monet, La Liseuse, 1872, Huile sur toile, 50 x 65 cm, Baltimore, The Walters Art Museum © The Walters Art Museum, Baltimore « Je travaille avec une ardeur que vous ne soupçonnez pas pour recruter de nouveaux amateurs et chauffer les autres. Je gagne du terrain chaque jour […] et nous finirons bien par triompher […] » (Lettre à Claude Monet, 15/01/1886).

Au final, sa tactique sera gagnante. Durand-Ruel parvient à imposer aux musées et aux mentalités la valeur des impressionnistes. C’est ainsi que Vue de Saint-Mammès d’Alfred Sisley (1881) devient la première oeuvre de la galerie vendue à un musée américain. Cette oeuvre symbolise la stratégie du marchand pour conquérir de nouveaux marchés : il vend la toile à New York en 1888, puis la rachète afin de l’exposer à Pittsburgh et le céder en 1889 au musée de cette ville en plein essor.

Paul Durand-Ruel n’aura de cesse de jouer avec les oeuvres, non pas dans un objectif de spéculation financière, mais dans l’idée de faire reconnaître l’excellence des artistes qu’il représente. Il n’accorde d’ailleurs bien souvent « ses » tableaux qu’aux acheteurs qui promettent de les léguer aux musées.

Ainsi de Danse à Bougival de Renoir (1883), qui aurait du être légué par Depeaux au musée des Beaux-Arts de Rouen mais, suite au divorce de l’acquéreur, est cédé à un tiers. « Le marchand aurait été heureux d’apprendre que plus tard l’oeuvre a été achetée par le Boston Museum of Fine Arts », commente Sylvie Patry (conservateur en chef au musée d’Orsay), commissaire de l’exposition.

Au delà de la beauté des oeuvres, l’exposition a l’intelligence de ne pas se concentrer sur le marché français puisque nombre de toiles impressionnistes sont parties à l’étranger. C’est donc l’occasion de découvrir des chefs-d’oeuvre de la National Gallery de Londres, du Philadelphia Museum of Art, du Walters Art Museum (Baltimore) et du Boston Museum of Fine Arts.

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