Ossip Zadkine

Une vie d’ateliers

Jusqu’au 2 avril 2023

#ExpoZadkine #viedateliers
@MuseeZadkine

Musée Zadkine, 100bis rue d’Assas, Paris 6e

Pour célébrer les 40 ans de la maison-atelier d’Ossip Zadkine, ouverte grâce au legs de son épouse Valentine Prax, le musée Zadkine présente des photographies d’ateliers, des sculptures du maître et des peintures de son épouse, rarement exposées. Une sélection intime qui évoque la vie du couple entièrement tournée vers l’art.

Anonyme, Zadkine posant un maillet et un ciseau à la main, près de sa Grande porteuse d’eau en bois rue d’Assas. Vers 1928-1930. Épreuve gélatino-argentique. Paris, musée Zadkine © Adagp, Paris, 2022 – Photo © DR

Des premiers ateliers de Zadkine près de Montparnasse quand il arrive à Paris en 1910 à celui qu’il fait construire après la guerre dans sa « folie de la rue d’Assas », le parcours déploie des photographies d’archive – conservées par le musée mais jamais montrées encore – et des chefs-d’oeuvre du sculpteur et de la peintre, dans un jeu de miroir éloquent.

Marc Vaux, Zadkine dans son atelier de la rue Rousselet, accoudé à Formes féminines, Vers 1920. Épreuve gélatino-argentique. Paris, musée Zadkine © Adagp, Paris 2022

Originaire de Biélorussie, Zadkine émigre à Paris (1910), « là où l’on devient véritablement artiste, sculpteur en particulier », écrit-il dans ses mémoires Le Maillet et le ciseau (1967). Il s’installe à la Ruche, cité d’artistes (15e arrondissement) où résident Chagall, Soutine, Modigliani, puis rue de Vaugirard (1911) et rue Rousselet (7e arrondissement), de 1913 à 1928. Il pose volontiers pour le « photographe des peintres » Marc Vaux, spécialiste de la photographie d’atelier.

Façade et jardin du musée Zadkine, Paris. Photo © Pierre Antoine

Craignant pour le plancher de son atelier, à l’exigüe avec ses sculptures à taille surhumaine telle la Porteuse d’eau (1923), Zadkine cherche un emplacement proche de Montparnasse. Avec Valentine Prax, qu’il épouse en 1920, il tombe sous le charme de l’écrin de verdure qu’offre le jardin du 100bis rue d’Assas. « Viens voir ma folie d’Assas et tu verras comme la vie d’un homme peut être changée par un pigeonnier, un arbre », écrit-il à son ami le critique d’art André de Ridder (1928). Ce pigeonnier sera remplacé par un atelier dans les années 1950, lorsque la renommée de Zadkine lui en offrira les moyens. L’artiste est alors reconnu comme l’un des grands plus grands sculpteurs de sa génération. Il reçoit le grand prix de la sculpture à la Biennale de Venise (1950).

Le couple acquiert également une maison de campagne dans le Lot, dans le village de Caylus puis non loin aux Arques, qui devient un second atelier, et aujourd’hui un second musée Zadkine. Les oeuvres voyagent de Paris à Arques et vice-versa.

Valentine Prax, La Musique. Vers 1925-1930. Huile sur verre. Paris, musée Zadkine © Adagp, Paris, 2022 – Photo © musée Zadkine/Paris Musées

La Seconde Guerre mondiale sépare les époux. D’origine juive, Ossip s’exile aux États-Unis, Valentine se réfugie dans leur maison du Lot. C’est une période sombre mais créatrice pour Valentine. Le bleu méditerranéen de ses peintures de jeunesse, qui rappellent son Algérie natale, fait place à des couleurs plus sombres. Zadkine sculpte L’architecte (1943), récemment acquise, et La Ville détruite, surnommée « la Guernica de la peinture », précise Pauline Créteur (chargée de recherches à la BnF), co-commissaire de l’exposition. Elle est achetée par la ville de Rotterdam, où le peintre semble plus connu qu’en France !

La dernière partie du parcours, dans l’atelier du jardin, s’attache à montrer le rôle de Zadkine enseignant. Il avait acheté d’autres ateliers, notamment rue Notre-Dame-des-Champs, aujourd’hui transformé en centre de documentation, pour pouvoir partager son savoir. The Ossip Zadkine Studio of Modern Sculpture and Drawing rencontre un grand succès et attire des élèves du monde entier comme Marta Colvin du Chili ou Alicia Penalba d’Argentine. Une table en bois avec des outils bien rangés évoquent sa formation de menuisier-ébéniste, qui contraste avec le « bazar » de son atelier comme montré dans le film d’archive juste à côté !

Une exposition intimiste qui recrée l’ambiance créatrice du vivant du couple ; superbe.

Taggé .Mettre en favori le Permaliens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *