Les Nabis et le décor

Bonnard, Vuillard, Maurice Denis…

Paul Ranson, Trois femmes à la récolte, 1895. Peinture à la colle sur toile (c) D. Balloud

Jusqu’au 30 juin 2019

Achetez le catalogue de l’exposition :

Musée du Luxembourg, 19 rue Vaugirard, Paris 6e

Le musée du Luxembourg nous plonge dans l’art décoratif des Nabis. Une exposition inédite qui met en avant la volonté du groupe, créé à la fin des années 1880, d’abattre la frontière entre beaux-arts et arts appliqués. Sublime !

Bien que le terme nabi signifie « prophète » en hébreu (dans leur volonté d’inventer un art nouveau), les membres du groupe admiratifs de Gauguin ne furent pas les premiers à concevoir le décoratif comme essentiel à leur création. Ils s’inspirent de la pensée de William Morris et de John Ruskin, initiateurs du Arts & Crafts en Angleterre. Le mouvement se propage ensuite en Espagne avec le modernisme catalan, en Belgique avec Victor Horta, Van de Helde et Paul Hankar, puis en France et dans le reste de l’Europe.

L’art décoratif des Nabis est popularisé dans l’Hexagone grâce à Siegfried Bing, fondateur de la galerie Art nouveau. Un courant qui s’inspire de l’art des estampes japonaises, de leurs couleurs autant que de leur perspective sans profondeur, découvert lors d’une exposition organisée en 1890 à l’Ecole des beaux-arts de Paris.

« Mettre à plat la nature, telle est la volonté des Nabis », explique Isabelle Cahn (conservatrice générale des peintures au musée d’Orsay), co-commissaire de l’exposition.

Maurice Denis, Avril, 1892. Huile sur toile (c) Otterlo, Kröller-Müller Museum

Dans l’art nabi, les formes sont simplifiées, les lignes souples et ondulantes, les couleurs vives. Les motifs sont entourés d’un cerne pour mieux les détacher du fond, souvent immersif et chargé.

Peintures de chevalet mais aussi sur paravent et éventail, tapisseries, papier peint et vitraux, sont explorés par les Nabis. Ils souhaitent une expérience d’art total, fondée sur un décloisonnement des techniques, et veulent « introduire le Beau dans le quotidien », commente Guy Cogeval (directeur du Centre d’études des Nabis et du symboisme), co-commissaire de l’exposition.

Une réaction à l’encontre de l’esthétique du pastiche historique, alors en vogue à la fin du XIXe siècle, et de l’impressionnisme que les Nabis jugent trop proche de la réalité.

Edouard Vuillard, Le Corsage rayé, 1895. Huile sur toile (c) Washington, National Gallery of Art

Le parcours expose des oeuvres de Pierre Bonnard, Edouard Vuillard, Maurice Denis, Paul et Marguerite Sérusier, ou encore Paul Ranson. Si la plupart des créations des Nabis dans le domaine des arts appliqués sont restées expérimentales, certaines ont orné les intérieurs de leurs contemporains, comme la famille Natanson ou le réputé cardiologue Vaquez. 

L’exposition permet d’admirer des ensembles décoratifs, démantelés et dispersés au cours du temps, avec pour thèmes récurrents l’association symbolique de la femme et de la nature, les scènes d’intérieur ou encore l’illustration de légendes sacrées (La légende de saint Hubert).

Une exposition à découvrir sans hésitation, pour qui aime l’art japonais !

Taggé .Mettre en favori le Permaliens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *