Munch

Un poème de vie, d’amour et de mort

Jusqu’au 22 janvier 2023

#ExpoMunch
@museeorsay

Musée d’Orsay, Esplanade Valéry Giscard-d’Estaing, Paris 7e

Le musée d’Orsay propose une rétrospective sur l’oeuvre de l’artiste norvégien, Edvard Munch (1863-1944), pour comprendre et dépasser son oeuvre iconique Le Cri (1895).

Edvard Munch, Le Cri / Skrik, 1895. Lithographie imprimée en noir. Coloriée à la main en rouge, bleu et jaune. The Gundersen Collection, Oslo, Norvège Photo: The Gundersen Collection/Morten Henden Aamot

Le parcours de l’exposition rend compte de la dimension symboliste de l’oeuvre de Munch. Les visages-fantômes, les corps-squelettes et les couleurs crus concourent à refléter les émotions des personnages et à inscrire l’oeuvre dans une dimension universelle, dans le cycle de la vie liée à la nature.

Edvard Munch, Autoportrait à la cigarette, 1895. Huile sur toile. Oslo, arkitektur og design. Photo: Nasjonalmuseet/Høstland, Børre

Dès son Autoportrait à la cigarette (1895), Munch se représente sur un fond sombre, rapidement brossé, qui forme une ombre derrière lui, et insuffle un sentiment d’inquiétude. Ce sytème de halo qui entoure les personnages sera un motif récurrent dans son oeuvre. Il annonce également sa façon presque obsessionnelle de travailler sur l’expression des humeurs de l’âme, en particulier, l’amour, l’angoisse et le doute existentiel.

Edvard Munch, Vampire, 1895. Huile sur toile. Oslo, Munchmuseet. Photo : © CC BY-NC-SA 4.0 Munchmuseet

« On ne doit plus peindre d’intérieurs, de gens qui lisent et de femmes qui tricotent. Ce doit être des personnes vivantes qui respirent et s’émeuvent, souffrent et aiment » (1889-1890).

La femme joue un rôle primordial dans cette exploration des sentiments. Elle apparaît séductrice et vampire à la fois. Sa chevelure est un élément clé de son vocabulaire car elle relie, attache ou sépare. L’artiste vit des relations toujours tourmentées, qui peuvent se terminer de manière dramatique comme dans La Mort de Marat (1907), où il se représente nu, allongé sur un lit, à la place de l’homme politique français, la main blessée, suite à une dispute violente avec sa compagne de l’époque.

Edvard Munch, Madonna / Madone, 1895-1896. Lithographie imprimée en noir. Colorié à la main avec du rouge, du bleu et du jaune. The Gundersen Collection, Oslo, Norvège. Photo: The Gundersen Collection/Morten Henden Aamot

De même, si sa Madone (1895-96) relève de l’icône, elle est aussi associée au macabre ; petit squelette intégré dans le coin inférieur gauche et traitement de l’oeuvre dans une gamme de blanc, noir et rouge.

Le parcours se poursuit sur son lien avec le théâtre et la littérature. Qu’il s’agisse d’illustrations de programmes de théâtre, de reprise de mises en scène dans ses autoportraits. Ou encore du décor de la salle d’honneur de l’université de Kristiana (ancien nom d’Oslo), toujours en place aujourd’hui.

Edvard Munch, Autoportrait, 1940-1943. Huile sur toile. Oslo, Munchmuseet Photo ©: CC BY 4.0 Munchmuseet

L’épilogue le représente de face, chauve, avec son ombre à l’arrière-plan, des rayures imitant le squelette en guise de corps et l’ultime oeuvre le plonge en enfer. Pour autant, il écrit dans son carnet de croquis de 1930-1935 : « Nous ne mourrons pas, c’est le monde qui meurt et nous quitte. »

Edvard Munch, Le baiser, 1897. Huile et détrempe sur toile. Oslo, Norvège, Munchmuseet. Photo ©: CC BY 4.0 Munchmuseet

L’exposition met en lumière les différents média sur lesquels l’artiste travaille : peinture bien sûr mais aussi lithographie, et gravure sur bois. Le cheminement thématique permet de percevoir la résonance entre les toiles, la cohérence de l’oeuvre de Munch, qui se résume dans la manière dont il décrit sa série La Frise de la vie (comprenant Le Cri, Le Baiser, Vampire, Madone) : « un poème de vie, d’amour, de mort. » Une exposition brillante en dépit de la noirceur des sentiments représentés !

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