Fuji, pays de neige

Jusqu’au 12 octobre 2020

Musée Guimet, 6 place d’Iéna, Paris 16e

Le musée Guimet sort de ses réserves quelque 70 estampes japonaises illustrant le majestueux Mont Fuji, qui culmine à 3776 mètres à Honshu, île principale de l’archipel japonais.

UTAGAWA Hiroshige (1797-1858), Hara (14e vue). Série des Cinquante-trois relais du Tokaido
Editeur : Tsutaya Kichizo (Koeido). Ère d’Edo, 1850-1851. Estampe nishiki-e
© RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Harry Bréjat

Ce type d’exposition habituellement présentée dans la rotonde du MNAAG prend place dans les salles d’exposition temporaire du rez-de-jardin pour permettre un sens de la circulation unique et plus d’espace entre les visiteurs. Ce qui offre tout loisir d’admirer de près les multiples détails de ces estampes raffinées.

Inscrit depuis 2013 au patrimoine mondial de l’Unesco, le mont Fuji incarne depuis le VIIe siècle un lieu sacré pour les moines shintoïstes et bouddhiques. Pour les premiers, Fuji renfermerait l’élixir d’immortalité qui, en se consumant, laisserait voir de temps à autre un panache de fumée. À son sommet résiderait la divinité Asama no Okami. Pour les seconds, la forme du mont évoque celle du lotus à huit pétales autour d’un bouton blanc.

De nombreux sanctuaires ont été érigés sur les flancs de la montagne. Les femmes n’y ont eu aucun accès qu’à partir de l’ère meiji (1868-1912).

La perfection du cône de Fuji, recouvert de neiges éternelles, a inspiré nombre d’artistes, en particulier KATSUSHIKA Hokusai (1760-1849) et UTAGAWA Hiroshige (1797-1858), représentatifs de la période d’Edo (1603-1868).

Si les artistes se sont plus à représenter les changements de saison autour du mont Fuji, l’exposition se concentre sur sa représentation enneigée, avec des personnages en lutte contre le froid et l’effort physique de la grimpette ! Au sommet, les pèlerins cheminent entre différents points autour du cratère, selon le rite ohachimeguri (« tourner autour du bol »).

« Ce n’est pas le moindre des paradoxes que l’art de l’estampe qui, depuis ses origine, s’était employé à conquérir et multiplier la couleur, ait fini par rechercher à exprimer toutes les variations du blanc », commente Sophie Makariou (présidente du MNAAG, co-commissaire de l’exposition).

UTAGAWA Hiroshige (1797-1858), Le pont Taiko et la colline Yuhi à Meguro. Série des Cent vues célèbres d’Edo. Ère d’Edo, 1857. Estampe nishiki-e © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Harry Bréja

Dans Le Pont Taiko et la colline Yuki à Meguro, UTAGAWA Hiroshige endort le paysage sous la neige en laissant le blanc du papier intact (technique dite « en réserve »).

KOBAYASHI Kiyochika (1847-1915), Femme de dos dans un paysage de neige.
Ère Meiji, 1913-1915. Estampe nishiki-e à lignes kosenga © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Chez KOBAYASHI Kyochika, les cernes noires typiques de l’estampe vont disparaître au profit du blanc, ce qui apportera une touche aquarelliste à l’estampe (Femme de dos dans un paysage de neige, 1913/15).


KAWASE Hasui (1883-1957), Soir de neige à Terajima. Ère Taisho, 1920
Estampe nishiki-e MNAAG, achat 2020 © MNAAG, Paris

Citons encore KAWASE Hasui (1883-1957) dont Soir de neige à Terjima (1920) a été acheté pendant le confinement.


KAWASE Hasui (1883-1957). Neige sur le temple Zojoji. Éditeur : WATANABE Shozaburo
Ère Showa, 1953. Estampe nishiki-e © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Mais le maître incontesté du Shin-Hanga, période de renouvellement de l’estampe à l’ère Taisho (1912-1926), est entré au panthéon des artistes japonais avec Neige sur le temple Zojoji, estampée trésor national. Oeuvre qui clôt ce parcours passionnant pour qui aime l’art des estampes.

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