Trésors de la Grande Steppe
Jusqu’au 24 mars 2025
Musée Guimet, 6 place d’Iéna, Paris 16e
Situé au sud de la Russie et à l’ouest de la Mongolie, le Kazakhstan est un pays d’Asie centrale, recouvert d’immenses steppes, anciennement traversé par la route de la soie. Le musée Guimet propose de découvrir son histoire à travers cinq chefs-d’oeuvres qui éclairent sa riche histoire culturelle.
Les steppes ont été arpentées par les peuples nomades, avant que la richesse des ressources naturelles permettent l’essor du commerce international et la formation de grands centres urbains. Les Huns, les Scythes et les tribus turciques ont participé au développement de la culture du Kazakhstan. La civilisation actuelle repose sur l’héritage du khanat kazah, qui s’est imposé après le déclin de l’empire de Gengis Khan (1879).
Le parcours immersif présente cinq trésors qui correspondent à cinq piliers de l’histoire du pays. L’ensemble est entouré de la diffusion d’images qui plongent le spectateur au coeur des paysages kazakhs.
Le Penseur de Tobyl ou Homme scrutant le ciel (3e-2e millénaire avant J.-C.) renvoie naturellement pour le public occidental au Penseur d’A. Rodin (1904). Sculpté dans du grès, il représente un homme accroupi, la tête orientée dans un sens, le corps dans l’autre. Ses orbites creusées portent son regard vers le ciel. Il incarne la connaissance des peuples nomades qui transitent vers le 4e millénaire de leur activité de chasse à une économie de l’élevage du cheval (culture Botai).
Le couvre-chef de l’Homme d’or (4e-3e siècle avant J.-C) témoigne de la maîtrise des techniques de l’orfèvrerie, avec un style animalier marqué. Le chef, vénéré par les nomades, incarne l’autorité suprême sur les trois royaumes (souterrain, terrestre, céleste) et les directions du soleil au cours de sa course autour de la Terre. Le chef constitue le centre ou l’axe de l’Univers.
Deux balbal (9e-11e siècle), deux figures anthropomorphes en granit, l’une féminine, l’autre masculine, jouent le rôle de stèles funéraires. Elles sont érigées à travers toute la steppe par les populations nomades turciques.
Un grand chandelier et un autre plus petit (1937), décorés d’inscriptions gravées et de motifs floraux, ont été fabriqués par des maîtres artisans originaires d’Ispahan en Iran, à la demande de l’émir Timour pour le mausolée de Khoja Ahmed Yasawi. Ils témoignent de l’importance spirituelle et intellectuelle de cet émir, désigné comme le « Seigneur des Seigneurs ». Tout comme de celle d’Ahmet Yawasi, poète et mystique soufi du XIIe siècle, qui a joué un rôle déterminant dans le développement de l’islam et du soufisme dans les territoires turciques d’Asie centrale.
Enfin, le chapan de cérémonie (17e-18e siècle) ayant appartenu à l’homme d’État Kazzybek biy Keldibekuly (1667-1764), orné de fils d’or et d’argent, est décoré de motifs végétaux qui symbolisent prospérité et abondance. Il était utilisé pour les visites officielles.
La scénographie imaginée par Sylvain Roca plonge le visiteur au coeur de la culture kazakh grâce à des images sonores de paysages et d’objets projetées de part et d’autre des oeuvres. C’est une petite exposition mais très belle !
Pour compléter ce panorama historique, je vous invite à regarder la série Des trains pas comme les autres sur France 5, pour découvrir la civilisation contemporaine de ce pays d’Asie centrale largement méconnu (rediffusion disponible jusqu’au 06 février 2025).