Les peintres russes dans le livre français, 1ere moitié du XXe s.

Marc Chagall. Illustration de 'Rose des Vents' de Philippe Soupault, 1920Exposition Rendez-Vous

Jusqu’au 05 juin 2010

Bibliothèque Sainte-Geneviève, 10, place du Panthéon 75005 Paris, Entrée libre

L’exposition « Rendez-Vous », présentée dans le cadre de l’Année France-Russie 2010, à la Bibliothèque Sainte-Geneviève (Paris Ve), ouvre une page à demi oubliée. Celle de la coopération entre peintres russes et éditeurs français durant les décennies de l’entre-deux-guerres.

« Rendez-Vous » dévoile une centaine de livres provenant de la collection privée de Mikhaïl Seslavinsky, directeur de l’agence fédérale russe pour la presse et la communication et auteur de La reliure individuelle russe des XIXe et XXe siècles.

L’exposition revient sur la vie et l’œuvre des peintres russes, qui ont émigré en France après la Révolution d’octobre (1917). Elle met en lumière le Paris des années 1920/30 à travers des maîtres renommés de la peinture et du graphisme russe dans l’édition française.

De nombreux artistes russes ont illustré quelque 130 à 150 livres français. La majeure partie de leurs réalisations est exécutée pour des périodiques, des affiches publicitaires, des brochures, des programmes d’opéras et de ballets. Mais, ils contribuent également à de luxueuses éditions bibliophiles à tirage limité et à des ouvrages destinés au grand public.

Mikhaïl Larionov. Illustration du poème 'Les douze' d'Alexandre Blok, 1920Au début du XXe siècle, certains de ces peintres sont déjà établis à l’étranger tels Viktor Bart, Natalia Gontcharova, Konstantin Pavlovitch Kouznetsov, Mikhaïl Larionov, Ivan Lebedeff, Sergueï Solomko, Alexandre Yakovlev.
D’autres fuient la Russie pour sauver leur vie (Alexandre Alexeïeff , Ivan Bilibine, Lev Zak, Marina Romanova, Fédor Rojankovsky).
Après guerre, beaucoup d’entre eux choisissent de vivre en Europe. Comme Youri Annenkov, Alexandre Benois, Mstislav Doboujinski, Konstantin Somov, Sergueï Tchekhonine, Marc Chagall.

Dès le début de l’émigration, des revues et journaux influents, tels que Les Dernières nouvelles (Poslednié novosti), La Cause commune (Obchtchee delo), La Russie en devenir (Griaduchtchaya Rossia), commencent à paraître à Paris.

Boris Zvorykine. Illustration du recuil 'Le Coq d'Or et autres nouvelles' d'Alexandre Pouchkine, 1925Les écrivains et chroniqueurs les plus brillants y collaborent (Ivan Bounine, Alexeï Tolstoï, Nadejda Teffi et Marc Aldanov). Dans les années qui suivent, la colonie russe ne cesse d’augmenter. La vogue à Paris pour tout ce qui est russe permet aux peintres et dessinateurs de talent de ne pas rester sans travail.

Alexandre Yakovlev. Illustration du 'Théâtre japonais' d'Alexandre Yakovlev et S. Elisseev, 1933Les artistes russes installés en France s’unissent rapidement dans des organisations professionnelles. Ils ouvrent également leurs propres écoles et des cours pour former leurs jeunes collègues. Tels A. Yakovlev et V. Choukhaiev à Montparnasse, fin 1921. Ou I. Bilibine et M. Doboujinski qui, en 1926, enseignent à l’Institut russe des arts et industries, organisé avec le soutien de Félix Youssoupov. A la frontière des années 1920 et 1930, ce sont B. Grigoriev et K. Somov qui ouvrent leurs cours. En 1929, toujours à Montparnasse, Tatiana Tolstoï (la fille de Léon Tolstoï) organise l’Académie des arts russe, où enseigne toute la fleur de la fameuse pléiade du Monde de l’Art (Mir Iskousstva). Et même si tous ces établissements survivent peu de temps, ils jouent un rôle significatif dans la vie artistique du Paris russe.

Konstantin Terechkovitch. Illustration de 'Hadji Mourat' de Lev Tolstoï, 1955La Seconde guerre mondiale constitue une nouvelle épreuve pour les créateurs russes émigrés. Une partie d’entre eux subit la répression nazie, une autre quitte la France pour les pays européens non occupés ou pour les Etats-Unis. Mais beaucoup restent pour combattre, d’abord dans les rangs de l’armée française, puis dans ceux de la Résistance. Konstantin Terechkovitch en est un exemple.
Il est à noter que même pendant la guerre, l’édition en France ne s’est pas arrêtée et un certain nombre d’ouvrages avec des illustrations de peintres russes voit le jour.

Toutefois, à la fin des années 1940, la brillante pléiade des maîtres du graphisme russe a perdu ses positions de leader. La nouvelle génération, qui verse simultanément dans la peinture, l’art scénique, le cinéma, et parfois la publication d’oeuvres livresques, n’a pas les moyens de faire revivre cette période historique unique de coopération fructueuse entre plume et pinceau russes, presse d’imprimerie et pierre lithographique françaises.

Vous pourrez admirer ces oeuvres rares du lundi au samedi, de 10h à 20h ou 22h (selon période).

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