Chagall, Lissitzky, Malévitch

L’avant-garde russe à Vitebsk

Jusqu’au 16 juillet 2018

[fnac:http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-Exposition-BILLET-MUSEE-EXPOSITIONS-CGPOM.htm]

Catalogue de l’exposition : 

Centre Pompidou, Galerie 2, Niveau 6, Paris 4e

En 1919, Marc Chagall (1887-1985) crée une Ecole d’art populaire, gratuite et ouverte à tous à Vitebsk, sa ville natale (Biélorussie). Le Centre Pompidou revient sur cette période peu connue de l’histoire de l’avant-garde russe. Qui se révèle finalement décevante pour Chagall…

1917. Marc Chagall vit à Petrograd. Il assiste à la révolution bolchevique qui bouleverse la Russie. Le vote d’une loi abrogeant toute discrimination nationale et religieuse lui confère pour la première fois, à lui artiste juif, un statut de citoyen russe à part entière. Il se met alors à créer de grands tableaux illustrant son euphorie, tels Le Double Portrait au verre de vin (1917) et Au-dessus de la ville (1918) où deux amoureux – Chagall et sa femme Bella – s’envolent, libres comme l’air.

Mais, au fil des mois, Chagall se sent dans l’obligation de soutenir les jeunes Vitebskois, d’origine modeste comme lui. Il imagine alors une école d’art révolutionnaire, ouverte à tous, sans restriction d’âge et gratuite. Ce projet qui inclut aussi la création d’un musée, incarne parfaitement les valeurs bolcheviques ; il est validé en août 1918 par Anatoli Lounatcharski, chef du commissariat du peuple à l’instruction publique. Un mois plus tard, Chagall est nommé commissaire aux beaux-arts, avec pour première mission d’organiser les festivités du premier anniversaire de la révolution d’Octobre.

Après les célébrations, Chagall s’investit dans le développement de son école. Elle ouvre officiellement le 28 janvier 1919.
Admiré par ses élèves, il dépense beaucoup d’énergie pour assurer le bon fonctionnement de son établissement. Si les premiers professeurs quittent déjà l’école (Ivan Puni) , d’autres font leur arrivée comme Vera Ermolaeva, future directrice, et surtout El Lissitzky, qui prend en charge les ateliers d’imprimerie, de graphisme et d’architecture. Il insiste auprès de Chagall pour inviter le chef de file des mouvements abstraits, fondateur du suprématisme, Kazimir Malévitch.

 

Après l’arrivée de ce dernier en novembre 1919, les élèves tombent sous l’emprise de son charisme. Ensemble, ils créent Ounovis (« les affirmateurs du nouveau dans l’art »).

« Toutes les choses, tout notre monde doivent revêtir des formes suprématistes, c’est à dire que les tissus, les papiers peints, les pots, les assiettes, les meubles, les enseignes, en un mot, tout doit être fait avec des dessins suprématistes, qui sont la nouvelle forme de l’harmonie » (Kounine, « A propos de l’Unovis », L’Art, 1921).

Vitebsk est recouverte de symboles suprématistes « Nous contribuions activement à la coloration de cette petite ville. Usines, tramways et tribunes rayonnaient sous nos peintures. »

C’est le début de la fin pour Chagall. « Son rêve de faire coexister dans son école un art révolutionnaire indépendamment du style, principe fusionnel qui l’a guidé autant dans la constitution de la collection de son musée que dans l’organisation de la première exposition publique en décembre 1919, où les toiles de Vassily Kandinsky et Mikhaïl Larionov côtoient les œuvres abstraites d’Olga Rozanova, se brise au cours du printemps 1920 », explique Angela Lampe, commissaire de l’exposition.

Désavoués par les étudiants, Chagall quitte Vitebsk pour s’installer à Moscou, où il travaillera pour le Théâtre juif. Blessé par cet échec, il gardera rancœur à Malévitch qu’il accuse d’avoir intrigué contre lui.

Malévitch quitte également Vitebsk pour Pétrograd, deux ans plus tard (1922) avec un groupe d’étudiants. Il y dirigera l’Institut de culture artistique et poursuit ses réflexions sur un suprématisme volumétrique, élaborant les maquettes d’une architecture utopiste (Architectones) et des ustensiles en porcelaine.

Le parcours retrace la fébrilité artistique de cette petite ville qui se mue en laboratoire révolutionnaire. Les oeuvres des professeurs se répondent et s’émulent. Jusqu’à devenir uniquement suprématistes, imprimant un esprit collectiviste, très peu à mon goût !

 

 

 

Taggé .Mettre en favori le Permaliens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *