Vertiges de l’imagination
Jusqu’au 31 décembre 2022
Petit Palais, avenue W. Churchill, Paris 8e
Le Petit Palais met à l’honneur l’oeuvre d’André Devambez (1867-1944), artiste parisien de la Belle-Époque, célébré de son temps mais tombé dans l’oubli depuis. Son travail révèle un illustrateur à l’imagination foisonnante et un peintre sensible, traitant aussi bien des portraits intimes que la modernité du 20e siècle ou l’horreur de la Grande Guerre.
Né à Paris, André Devambez évolue dans l’univers de la gravure et de l’édition (Maison Devambez tenue par son père Édouard). Son talent pour le dessin le conduit à l’École nationale des beaux-arts de Paris. Il reçoit le prix de Rome, lui permettant d’étudier à la Villa Médicis.
À son retour d’Italie, il réalise des scènes de genre, souvent de petits formats telles des cartes postales, pour représenter sa famille, en particulier son fils Pierre et sa fille Valentine.
Témoin des évolutions sociétales, il représente le métro parisien et ses quais bondés, dont les murs sont couverts d’affiches publicitaires. Il croque les habitués attablés au café devant un verre d’absinthe, les théâtres, les violences urbaines avec une spécialité : des vues en contre-plongée d’une hauteur vertigineuse (La Charge, boulevard Montmartre, 1902/03).
Technique de cadrage qu’il réutilise pour représenter des vues plongeantes avec des avions ou des dirigeables. Il invente des moyens de locomotion fantaisistes comme le Dirigeablobus pour éviter les encombrements au-dessus de la place de l’Opéra.
Ce type de cadrage sied particulièrement à ses illustrations du conte de Gulliver, qui apparaît d’autant plus géant face aux Lilliputiens. C’est dans ce domaine que son imagination s’exprime le plus librement, avec des personnages cocasses et de drôles de monstres.
Parallèlement, Devambez n’hésite pas à rendre la véracité de la guerre avec le nombre effarant de morts, le désespoir des survivants, la peur des soldats voire leur folie. Lui-même revient profondément ébranlé psychologiquement et blessé physiquement de son engagement sur le front.
Le parcours se termine néanmoins sur une note joyeuse avec l’édition de l’album Auguste a mauvais caractère (1913), avec pour sujet les bêtises d’un petit garçon rondouillard, illustré avec de superbes aplats colorés.
Une exposition familiale, qui ravira petits et grands.