Le Paris de la modernité, 1905-1925

Jusqu’au 14 avril 2024

Petit Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e

Le Petit Palais présente son troisième volet de sa trilogie consacrée au Paris du début du XXe siècle avec « Le Paris de la modernité, 1905-1925 ». Il montre comment les progrès techniques imprègnent tous les pans de la société, de la mode aux arts.


Robert Delaunay, Hommage à Blériot, 1914. Huile sur toile. Musée de Grenoble. Photo © Ville de Grenoble /Musée de Grenoble / J.L. Lacroix

Le parcours se développe autour de trois thèmes : le rôle du Petit Palais au coeur du quartier grandissant des Champs-Élysées, à mi-chemin entre Montmartre et Montparnasse ; les femmes qui se libèrent de leur corset grâce à Paul Poiret et font entendre de plus en plus leur voix telles Kees van Dongen ou Joséphine Baker ; l’événement de l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes.

Marie Vassilieff, Scipion l’Africain, 1916. Huile sur toile. Collection particulière, Paris. Courtesy Galerie Françoise Livinec. Photo © Cornelis van Voorthuisen

Les artistes venus s’installer à Montmartre quittent les ateliers du Bateau Lavoir en raison des nombreux travaux, des loyers en hausse, et de l’insécurité du quartier. Ils s’installent rive gauche dans le quartier de Montparnasse. Marie Vassilieff (1884-1957) en est une figure centrale. Son Scipion l’Africain (1916) met en valeur son employé noir de maison et en déconstruit la figure, à la mode de Picasso.

Le Petit Palais héberge le Salon d’Automne, créé en 1903, pour offrir une visibilité aux artistes émergents. Dès 1905, il est décrié pour exposer les oeuvres fauves, les oeuvres néo-impressionistes et cubistes. Il accompagne la naissance de l’art moderne.


Joachim-Raphaël Boronali, dit Lolo l’Âne, âne Aliboron, Coucher de soleil sur l’Adriatique, 1910. Huile sur toile. Espace culturel communal Paul Bédu, Milly-la-Forêt.

On découvre ensuite trois oeuvres insolites.
– Celle de Joachim-Raphaël Boronali Et le Soleil s’endormit sur l’Adriatique (1910), exposé au Salon des indépendants. Les critiques lui sont favorables jusqu’à ce que l’on découvre que sa peinture a été réalisée en attachant un pinceau trempé de peinture à la queue d’un âne !
Le Cuirassier (1910-1911) de Roger de la Fresnaye (1885-1925), dont la figure centrale toute vêtue de rouge et argent, domine la composition. L’artiste parvient à renouveler la tradition picturale militaire selon les expérimentations de Braque et de Picasso.


Gino Severini, La Danse du pan-pan au « Monico », 1909-1960 (réplique de l’original de 1910-1911). Huile sur toile © ADAGP, Paris 2023 Photo © RMN-Grand Palais (Centre Pompidou, MNAM-CCI) / Hélène Mauri.

La Danse du pan-pan au Monoco de Gino Severini (1883-1966), saluée par Apollinaire comme « l’oeuvre la plus importante qu’ait peinte un pinceau futuriste ». Comme vues à travers un kaléidoscope, deux danseuses vêtues de rouge au centre de la toile sont entourées d’une foule en liesse, traduisant l’atmosphère populaire et fiévreuse des cafés parisiens à la mode.


Louis Béchereau, Armand Deperdussin, Aéroplane Deperdussin type B, 1911. Avion, Bois, toile enduite, peinture, métal, matériaux synthétiques © Musée de l’Air et de l’Espace-Le Bourget / Photo Cyril Semenoff- Tian-Chansky

La modernité se traduit dans les nouveaux modes de transport : vélocipède, automobile, aviation. En attestent la présentation de l’Automobile Peugeot type BP1 dite Bébé Peugeot et l’aéroplane type B de Louis Béchereau, financé par l’homme d’affaires Armand Deperdussin. Son installation au sein du Petit Palais a du être acrobatique ! Cette fascination pour l’aviation se reflète chez les artistes qui incorporent des aéroplanes dans leurs oeuvres, comme Les Pêcheurs à la ligne du Douanier Rousseau ou l’Hommage à Blériot de R. Delaunay.


Paul Poiret, Robe Delphinium dite « Robe Bonheur » avec fond de robe à modestie pour Denise Poiret, 1912 © Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris

Les robes Directoires de Paul Poiret, aux formes souples pour libérer les femmes de leur corset ; la splendeur des bijoux Cartier ; l’ouverture du Théâtre des Champs-Élysées (décoré par Antoine Bourdelle, Maurice Denis, Édouard Vuillard, Jacqueline Marval…) et sa programmation novatrice grâce aux Ballets russes ; incarnent l’allégresse de l’époque.

Avant la plongée dans l’obscurité, liée à la déclaration de la guerre par l’Allemagne.


Marevna, La Mort et la Femme, 1917. Huile sur bois. Association des Amis du Petit Palais, Genève. Photo © Studio Monique Bernaz, Genève.

Pourtant, le ton reste léger grâce aux Soldats sénégalais au camp de Mailly (1917) de Féix Vallotton. Des soldats à la peau sombre sont disposés devant des barraques, assis dans la neige, d’une manière presque naïve. Leur immobilité, symbole de quiétude et de silence, tranche avec l’enfer des combats. De même, dans l’Église des Hurlus en ruines, Vallotton se focalise sur le paysage dévasté, plutôt que sur la représentation de l’horreur du front. Marie Vorobieff, dite Marevna (1892-1976), représente dans La Mort et la Femme (1917), un soldat médaillé en uniforme bleu dont le visage n’est que crâne, ses membres mutilés sont remplacés par des prothèses. Il est assis dans un fauteuil face à une jeune femme en tenue légère et bas résille, le visage dissimulé sous un masque à gaz.


Kees van Dongen, Joséphine Baker, 1925. Encre de Chine et aquarelle sur papier. Dépôt au musée Singer Laren, Meerhout © ADAGP, Paris 2023. Photo © AKG images

Après la paix, les « Années Folles » battent leur plein. Chaïm Soutine, Tsouguharu Foujita, Kiki de Montparnasse, Joséphine Baker, connaissent le succès. Les robes cocktails, les paillettes et les plumes animent les danses endiablées venues d’Outre-Atlantique (charleston, jazz). La garçonne désarçonne, fascine et dérange à la fois.


François Pompon, Ours blanc, 1922-1925. Plâtre patiné ; socle en bois recouvert de plâtre. Paris, Muséum national d’histoire naturelle, en dépôt au musée de l’Homme/ Photo J.C. Domenech

Le parcours se clôt sur les réalisations exhibées pour l’Exposition internationale des arts déco (1925), qui accueille plus de 15 millions de visiteurs, 150 galeries et pavillons éphémères. L’objectif est de faire valoir l’excellence des traditions françaises face à l’Allemagne vaincue et la concurrence internationale. Elle marque l’avènement du style art déco qui connaît une aura mondiale, de l’Asie aux Amériques avec le Christ rédempteur de Rio de Janeiro, considérée comme la plus grande sculpture art déco du monde.

Un parcours enrichissant avec des pépites comme l’aéroplane Deperdussin (1911), les bijoux resplendissants de Cartier, des masques d’art extra européen, des sculptures et des peintures inattendues. À ne pas manquer !

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Une réponse à Le Paris de la modernité, 1905-1925

  1. Lola Sommonet dit :

    👏

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