Sarah Bernhardt

Et la femme créa la star

Jusqu’au 27 août 2023

Petit Palais, avenue W. Churchill, Paris 8e

À l’occasion du centenaire de la mort de Sarah Bernhardt (1844-1923), le Petit Palais lui consacre une exposition d’envergure – 400 oeuvres réunies – sur les multiples facettes de sa personnalité et de son art.

Napoléon Sarony, Sarah Bernhardt dans Cléopâtre, 1891. Musée d’Orsay © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Si l’on ne peut ignorer le rôle de la « grande Sarah » dans sa contribution à renouveler le jeu des acteurs au tournant du XXe siècle, on se surprend à découvrir les oeuvres sculpturales qu’elle a réalisées au cours de sa vie, dont une quinzaine sont ici rassemblées.

Achille Mélandri, Sarah Bernhardt sculptrice, vers 1877. Photographie woodburytype © BnF, Dist. RMN-Grand Palais / image BnF

« Cinq ans ont été nécessaires pour monter cette exposition », commente Annick Lemoine (directrice du Petit Palais), commissaire générale de l’exposition. « Nous voulions montrer les mille visages de cette femme, actrice d’envergure internationale, sculptrice, icône de mode, amoureuse des deux sexes, et mère. »

Georges Jules Victor Clairin, Portrait de Sarah Bernhardt, 1876. Huile sur toile. Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris, Paris, France © Paris Musées / Petit Palais

Sarah Bernardt a eu un fils (probablement avec le prince de Ligne), avec lequel elle entretiendra une relation fusionnelle. C’est ce dernier, Maurice Bernhardt, qui a offert au Petit Palais l’immense portrait de Sarah, peint par Georges Clairin, la représentant toute vêtue de blanc – sa couleur préférée – allongée sur un canapé dans l’intérieur luxueux de son hôtel particulier.

Le parcours débute par ses années de jeunesse, pendant lesquelles elle hésite à entrer dans les ordres, refusant de se marier. Finalement, sur l’idée du duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, et relation de la famille, Sarah entre au Conservatoire. C’est la révélation, « le rideau de ma vie se lève. »

Georges Clairin, Sarah Bernhardt dans le rôle de Dona Maria de Neubourg, dans Ruy Blas de Victor Hugo, 1879. Huile sur toile. Comédie-Française, Paris © Collections Comédie-Française

Pour autant, elle met du temps à percer sur la scène parisienne. Le succès finit par arriver au Théâtre de l’Odéon, dans Le Passant (1869), de François Coppée, pièce dans laquelle elle joue un travesti. Elle triomphe ensuite dans la pièce de Victor Hugo, Ruy Blas (1872), toujours à l’Odéon. Sa carrière est lancée.

S. Bernhardt entre à la Comédie française. Si sa renommée ne cesse de croître, elle s’y ennuie, jugeant les rôles qu’on lui offre insuffisants. Elle démissionne après avoir donné une gifle à l’une des sociétaires, sans vouloir s’excuser – elle était réputée pour son caractère bien trempé ! – et quitte l’institution avec fracas, envoyant une copie de sa lettre à la presse. « C’est mon premier échec. Ce sera le dernier », écrit-elle.

Félix Tournachon dit Nadar, Sarah Bernhardt chez elle, vers 1890. Épreuve sur papier albuminé. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, France © Paris Musées / Petit Palais

Son goût pour le sublime, l’étrange et le foisonnement est illustré à travers les objets décoratifs dont elle meuble l’intérieur de ses demeures, rue de Fortuny puis boulevard Pereire. Sculptural tigre de l’époque d’Edo, qu’elle vend quand elle est criblée de dettes au collectionneur Henri Cernuschi ; plat en faïence à son effigie – elle aime se voir et être représentée -, avec des coqs et des carpes dorées, réalisé par Edmond Lachenal ; portraits réalisés par son cercle intime tels Louise Abbéma, Gustave Doré, Jules Bastien Lepage, ou encore Alfons Mucha qui l’immortalise dans ses grands rôles des années 1890-1900. À la fin du XIXe siècle, Bernhardt est tellement connue à travers le monde que Cocteau la dénomme « monstre sacré ». C’est la première star de l’histoire.

Alfons Mucha, La Dame aux camélias, Théâtre de la Renaissance, 1896. Lithographie en couleurs. Musée Carnavalet, Paris, France © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Sarah Bernhardt a le sens des affaires. Elle dirige le Théâtre des Nations (place du Châtelet) auquel elle donne son nom et en fait refaire le décor par ses amis artistes. Elle joue autant qu’elle décide de la programmation de 25 nouvelles pièces. Son extrême popularité dote l’institution d’une aura internationale. Il deviendra le Théâtre de la Ville en 1968.

La « Divine » sait également chanter. À plus de cinquante ans, elle entame une carrière au cinéma. Là encore avec brio ; ses films sont diffusés dans le monde entier.

Georges Clairin, Sarah Bernhardt dans son jardin de Belle-Île-en-Mer, 1919. Huile sur toile © Musée des Beaux-Arts de Tours

La dernière section évoque sa découverte de la Bretagne. En 1894, Sarah Bernhardt achète un ancien fortin militaire à Belle-Ile pour le transformer en plusieurs pavillons, destinés à sa famille (son fils et ses petites-filles) et quelques amis proches (Louise Abbéma, Georges Clairin, le musicien Reynaldo Hahn). Elle chasse, pêche et surtout sculpte, s’inspirant de la nature alentour, en particulier les poissons et les algues, oeuvres présentées avec succès à l’Exposition universelle de 1900.

Une exposition explosive pour les sens à l’image de cette femme extraordinaire !

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