Tintoret

Naissance d’un génie

Jusqu’au 1er juillet 2018

[fnac:http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-TINTORET-ENTREE-SIMPLE-TINTO.htm]

Catalogue de l’exposition : 

Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, Paris 6e

Le musée du Luxembourg présente les oeuvres de jeunesse de Jacopo Robusti (1518/19-1594), plus connu sous le nom de Tintoret. Peintre illustre de Venise qui, à peine âgé de vingt ans, poussait les maîtres de la Renaissance italienne, dont le Titien, à se surpasser.

L’exposition célèbre le 500e anniversaire de la naissance du jeune Jacopo, issu, d’un milieu modeste – il est fils de teinturier -, et qui atteindra une renommée internationale. Sans renier ses origines comme son surnom l’indique : Tintoretto signifie « le petit [référence à sa stature] teinturier ».

Jacopo se forme probablement auprès de Bonifacio de’ Pitati et possède son atelier dès 1538, avant ses vingt ans.
Son autoportrait de 1547 (Philadelphia Museum of Art), qui ouvre le parcours, témoigne de l’ambition du jeune homme, les yeux intelligents grands ouverts, son oreille musicale sortant de la pénombre. Si son visage semble éclairé par la confiance en son destin, ses sourcils froncés témoignent quelque peu de ses doutes. C’est que, dans la Venise cosmopolite du XVIe siècle, bon nombre d’artistes se font concurrence, et pas seulement en peinture. Le théâtre, la sculpture et l’architecture drainent également les fonds des mécènes !

De par sa naissance, Tintoret est exclu de la vie politique, qui compose la majorité de la société vénitienne, structurée en castes. Il doit mettre en oeuvre des stratégies commerciales et relationnelles pour se faire un nom et attirer les commandes religieuses, privées et publiques.

« Peindre est pour lui un moyen de sortir de l’anonymat et d’exprimer une imagination débordante, jouant souvent sur le spectaculaire pour frapper l’oeil et l’esprit », commente Roland Krischel (conservateur en charge de la peinture médiévale, Wallraf-Richartz-Museum & Fondation Corboud, Cologne), commissaire de l’exposition.

En atteste son Adoration des mages (vers 1537/38 ; musée du Prado). Tintoret y introduit au premier plan un jeune mage, inspiré de L’Adoration des bergers de Titien. Le peintre témoigne ici de sa volonté de se propulser sur la scène artistique, d’égaler voire de surpasser son aîné.

Mais son ambition se dévoile encore plus dans Deucalion et Pyrrha priant devant la statue de la déesse Thémis ou Jupiter et Sémélé (deux toiles datées de 1541/42, provenant de la Gallerie Estensi, Modène). L’audace de Jacopo consiste à représenter les protagonistes en contre-plongée, masquant leur visage au spectateur. Ces toiles obligent le grand Titien à y répondre et à collaborer en secret avec Tintoret. « Contrat qui se brise lorsque le peintre cadet apprend combien son aîné est rémunéré pour la commande d’un portrait et est horrifié par rapport à sa propre rémunération !  Tintoret rend alors publique leur collaboration », explique R. Krischel.

Tintoret aurait également collaboré avec un peintre presque inconnu, Giovanni Galizzi, originaire de la région de Bergame. « Nous pensons que Tintoret adolescent fit la connaissance de Galizzi, peut-être un peu plus âgé que lui, dans le grand atelier de Bonifacio de’ Pitati. Ils pourraient avoir réalisé ensemble des oeuvres religieuses », relate le commissaire. Ils se séparent vers 1554, Jacopo recourant  à des assistants venant de l’Europe du Nord. Galizzi commence à produire des plagiats de Tintoret. « On ignore si cette activité est la raison ou la conséquence de leur rupture ». Le rassemblement, pour la première fois, de Vierges à l’Enfant, atteste de la difficulté de définir l’auteur(s) des toiles.

Le parcours se poursuit avec l’étude des portraits. Si Titien se concentre sur une clientèle internationale et européenne, Tintoret se tourne vers les commanditaires de sa ville natale. Ce genre lui permet de subvenir à ses besoins mais aussi de tisser des liens afin de produire et placer ses oeuvres religieuses en des lieux stratégiques.

La dernière partie de l’exposition s’intéresse aux représentations des femmes. Tintoret peint de manière éclectique séductrices, victimes des violences sexuelles, servantes, princesses, prostituées, mères célibataires et nourrices. Tout catholique qu’il soit, son humour se teinte d’insolence dans l’oeuvre finale Le Péché originel (vers 1551/52 ; Gallerie dell’Accademia, Venise). Le summum de l’art de la renaissance vénitienne était la capacité des artistes à représenter la carnation de la peau. Ici, Tintoret représente Adam, le coy brûlé par le soleil face à l’immaculé blancheur d’Eve, qui pourtant lui tend la pomme…

Présentée d’abord à Cologne, l’exposition est « plus belle à Paris », déclare le commissaire ! Flatterie ou réalité ? Il est indéniable que le musée du Luxembourg excelle à mettre en scène les chefs-d’oeuvre de l’histoire de l’art.

 

 

 

 

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