Peindre l’Arcadie

Pierre Bonnard, Femmes au jardin, Femme à la pèlerine, 1890- 1891. Paris, musée d’Orsay © Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt © ADAGP, Paris 2015Pierre Bonnard

Jusqu’au 19 juillet 2015

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-MUSEE-D-ORSAY—ENTREE-JOURNEE-ORSAY.htm]

Catalogue de l’exposition : 

Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion-d’Honneur, Paris VII

Après « Attaquer le soleil », le Musée d’Orsay propose une exposition bien plus consensuelle sur l’oeuvre de Pierre Bonnard (1867-1947), dont le musée possède 87 peintures et des centaines de dessins et photographies.

Cette rétrospective s’inscrit dans le cadre d’une mise en avant des acteurs de l’avant-garde de la fin du XIXe siècle regroupés sous le nom de Nabis (ou Prophètes). Elle succède aux expositions consacrées à Edouard Vuilard (2003/04), Maurice Denis (2006/07), Félix Vallotton (2013/14).

Pierre Bonnard succède à la génération des impressionnistes, sans les connaître. Son modèle est Gaugin, sa passion : l’estampe japonaise. Au début de sa carrière, il développe un style qui lui vaudra le surnom de « Nabi très japonard » (Félix Fénéon) car à la manière de l’ukiyo-e, il passe outre les effets de perspective, ramenant les plans au même niveau. Ce qui fait ressortir ses aplats de couleurs vives. Ses compositions sont tout en arabesques sur un format vertical qui rappelle les kakémonos (panneaux décoratifs japonais).

Le parcours retrace les différentes périodes créatives de l’artiste, ses « sept vies de chat » (Guy Cogeval, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie, co-commissaire de l’exposition) ». Avec comme fil conducteur, sa vision arcadienne du monde, centrée sur sa vie personnelle (famille, compagne, maîtresses) et ses lieux de résidence.

« Son Arcadie ne se limitait pas à des jardins normands ou à des pastorales méditerranéennes mais commença à Paris, dans une capitale en effervescence, ou le peintre captait ses sujets comme des instantanés de la vie ordinaire mais saisis dans une sorte d’exaltation joyeuse », commente G. Cogeval.

Cette fantaisie bonnardesque lui vient de sa volonté d’échapper à tout système. Il place dans ses oeuvres des éléments incongrus et fantastiques. Sirènes, nymphes, ou encore une pipe placée au premier plan d’Intimité, presque invisible, dont seules les volutes de fumée se distinguent, pour venir se fondre dans le motif du papier peint. Dans Danseuses, le peintre offre une vue en plongée inédite sur la scène de l’Opéra.

Bonnard est surtout connu aujourd’hui pour ses scènes d’intérieur. Il met en scène ses proches dans des huit clos où se traduisent la solitude, l’impossibilité de communiquer entre les êtres. Comme dans L’homme et la femme où il se représente avec sa compagne Marthe, avec entre-eux un paravent.

« Cet état de bonheur permanent que Bonnard décrète par la seule volonté de ses pinceaux se nuance parfois d’une pointe de mélancolie » (Guy Cogeval). De fait, en 1925, l’artiste épouse Marthe et quelques semaines plus tard, sa maîtresse, Renée Monchaty, se suicide. L’artiste a pleinement conscience que la joie de vivre n’est pas éternelle.

Après la Normandie – Bonnard achète une maison à Vernonnet -, il découvre la lumière du Midi, qu’il ressent comme un « coup des Mille et Une Nuits. La mer, les murs jaunes, les reflets aussi colorés que les lumières » l’éblouissent. Il est vrai que la Côte d’Azur, avec son atmosphère hédoniste, se rapproche de l’idéal antique de l’Arcadie, remarque Isabelle Cahn, co-commissaire de l’exposition (conservateur en chef au musée d’Orsay).

Pierre Bonnard. Vue du Cannet. Panneau décoratif pour Jean-Charles Moreux, 1927. Le Cannet, Musée Bonnard, dépôt du musée d’Orsay © Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt © ADAGP, Paris 2015

Cette découverte du Sud pousse le peintre à plus d’audaces. Ses tableaux changent d’échelle, sa palette se pare de toutes les nuances de jaune. La floraison du mimosa vient s’opposer à l’intensité du bleu-violet de la mer.

Le parcours se termine sur les importants décors que Bonnard réalise pour ses amis marchands et collectionneurs. Comme le Russe Ivan Morozov pour qui il peint le triptyque Méditerranée, qui associe visions pastorales, souvenirs antiques et scènes contemporaines.

Finalement, Pierre Bonnard c’est la vision optimiste de l’écologie moderne où l’homme vit en harmonie avec la nature et les villes qu’il a créées ! Une oeuvre riche en couleurs que l’on (re)découvre avec plaisir.

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