Jusqu’au 10 juin 2012
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Pinacothèque de Paris, 28 place de la Madeleine, Paris 8e
Après « L’Or des Incas », la Pinacothèque de Paris poursuit son exploration des cultures précolombiennes et méso-américaines avec « Les masques de jade mayas ». Autant, je n’avais pas été séduite par la première exposition, autant celle-ci m’a captivée…
Question de sobriété sûrement. Les masques mayas, bien que conçus à partir de tesselles de jade – pierre d’autant plus précieuse qu’elle est liée au sacré -, dégagent une esthétique naturaliste, loin de toutes fioritures baroques. Pour autant, leur symbolisme ne manque pas de piquant!
En effet, selon la culture maya, qui s’étend de la péninsule du Yucatan et de l’Etat du Chiapas mexicains aux actuels Honduras, Salvador, Belize et Guatemala, les masques portés par les hauts dignitaires (souverains, prêtres, guerriers) permettent d’incarner la divinité qu’ils représentent. Essentiellement, le dieu de la pluie Chaak ou le dieu du maïs K’awiil. Ces masques ont pour rôle d’établir une communication avec l’au-delà et de conférer l’essence immortelle au corps humain qui en est dépourvu.
Et c’est précisément le jade, considéré comme un élément primordial au même titre que le ciel ou l’océan – les deux forces sources de vie, de mort et de renaissance à la vie dans la pensée maya – qui permet cet artifice surnaturel. Car cette pierre verte dont on trouve des gisements dans les hautes terres du Sud du Mexique symbolise « la pérennité, l’humidité, la fertilité, le renouvellement, la renaissance, le souffle et l’essence vitale », selon Sofia Martinez del Campo Lanz, commissaire de l’exposition. « Tout comme les coquillages marins [conques, escargots de mer] et les minéraux métalliques [obsédiennes et hématites], le jade symbolise les voies de communication entre les trois plans du cosmos ».
Quant à la technique de la mosaïque, qui imite le système d’organisation politique (assemblage de cités-Etats, à l’opposé de la centralisation de l’empire inca), elle permet de limiter les déperditions d’un matériau précieux. Mais aussi de créer des formes et des compositions variées. Ainsi, les masques représentant les divinités du panthéon maya, à l’instar des ancêtres mythiques incas, associent des traits humains, animaux (essentiellement serpents, jaguars, singes) et végétaux (épis de maïs).
Or, quelle surprise que d’apprendre que pour faire ressembler les hommes au symbolique épi de maïs, les Mayas pratiquaient la déformation céphalique des bébés – celle-là même que nous, parents occidentaux, cherchons tant à lutter contre pour qu’ils aient un crâne bien rond! »L’élite maya pratiquait la « déformation tabulaire oblique au moyen de deux planchettes qui recouvraient pratiquement tout l’occipital […] afin de donner une forme oblongue au crâne », précise la commissaire de l’exposition. Ce qui engendrait un strabisme à la fois convergent et divergent. Nice! En atteste le masque funéraire de K’inich Janaab’ Pakal, présenté au sous-sol de l’exposition. Ou encore la figurine masculine assise, parfait exemple de la finesse des sculptures mayas. Aspect jusqu’ici inconnu de cette culture, plutôt réputée pour ses sites architecturaux grandioses comme ceux de Chichen Itza, Tulum ou Tikal.
D’où l’intérêt de cette exposition. D’autant que les quinze masques présentés, issus de la période classique (250-900 ap.J.-C.) – apogée de la culture maya – ont été entièrement restaurés et les pièces qui les accompagnent (bagues, boucles d’oreilles, bracelets, pectoraux, rubans frontaux, vaisselles en céramique, stèles) nous font l’honneur de quitter pour la première fois le Mexique. Seul l’emplacement des légendes de certains objets n’est pas toujours idéal (trop loin et peu éclairé).