La dernière moisson

Peintures de Rabindranath Tagore

Jusqu’au 11 mars 2012

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Petit Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e

 

Auteur de l’hymne national indien, Rabindranath Tagore (1861-1961) est célèbre pour représenter le premier écrivain non occidental à recevoir le prix Nobel de littérature en 1913. Très créatif, il est également l’auteur de pièces de théâtre et de partitions musicales. A l’âge de 67 ans, il découvre la peinture dont une sélection d’oeuvres de 1928 à 1939, est présentée pour la première fois au Petit Palais.

Sa « dernière moisson » créative aura donc été la peinture. Née de visions de ratures qui envahissaient les pages de ses manuscrits. Comme elles le gênaient, il les transforme en enluminures. Eclectique, foisonnante – il crée ainsi plus de 2500 peintures et dessins – son oeuvre multiple n’est pas sans rappeler l’oeuvre graphique de Victor Hugo.

Ce qui se dégage de ses huiles, aquarelles et encre sur papier, est la liberté d’expression de leur auteur. Ne relevant d’aucune école et de toute forme d’apprentissage technique, Rabindranath Tagore n’écoute que le rythme intérieur de ses visions. Son oeuvre est intimement liée à sa musique. Observer ses paysages chatoyants, ses animaux fantastiques, ses formes abstraites, ses portraits dressés avec tendresse, c’est écouter le souffle musical qui semble surgir du papier.

« Mon instinct et mon expérience m’ont appris que lignes et couleurs dans l’art n’ont pas à être porteuses d’informations : elles cherchent seulement une incarnation rythmique dans la peinture. Leur but ultime n’est pas de copier ou d’illustrer un fait extérieur ou une vision intérieure mais de se manifester comme un ensemble harmonieux qui parvient, par notre oeil, à agir sur notre imagination ».

Pour l’artiste, la combinaison de lignes et de couleurs créent de manière fortuite une forme animale « qui a manqué sa chance d’exister », un personnage, un ornement qui n’existe que dans notre esprit.  D’ailleurs, ses oeuvres ne portent pas de titre. Ce qui l’intéresse, ce sont les « relations rythmiques » qui s’instaurent entre les lignes et leur pouvoir de faire naître des ornements ou des figures imprévus.

Je rapprocherai cet élan, cette spontanéité, de l’oeuvre de Jean-Paul Agosti, actuellement exposé à la Galerie Guillaume (jusqu’au 17 mars 2012). La fragmentation des touches de couleur, tout aussi lumineuses que celles de Tagore, finit par former, comme à leur insu, des formes. Ses toiles embrasées, portées par un souffle vital, tendent vers l’abstraction. Et de l’artiste de confirmer: « Dans ces labyrinthes, nous percevons, par affleurements, des images symboliques : carrés, polygones, cercles… Ces symboles synthétisent le sujet même des oeuvres : terre, végétaux, ciel et eau mêlés. Ils manifestent, dans leur combinatoire, l’univers matériel et spirituel, la dynamique et l’énergie vitale des relations qui les unissent. »

On ressort envoûtée de ces deux expositions, originales et sublimées par l’humanisme qu’elles dégagent.

 

 

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