En quête de l’invisible

Yutaka Takanashi

Jusqu’au 29 juillet 2012

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Fondation Henri Cartier-Bresson, 2 impasse Lebouis 75014

 

De manière surprenante, les séries en couleur urbaines du photographe Yutaka Takanashi, dont l’oeuvre est présentée pour la première fois en France à la Fondation Henri Cartier-Bresson, m’ont plus émues que celles en noir et blanc du Tokyo des années 1970.  Pourtant, ces dernières sont censées partir en quête de l’invisible et dégager une poétique qui se confronte au réalisme de la cité…

 

Depuis le début de sa carrière, Yutaka Takanashi (né en 1935 à Tokyo), s’intéresse à la ville.

Son travail sur les Tokyoïtes est publié pour la première fois en 1966 dans le magazine Camera Mainichi.

Deux ans plus tard, il fonde avec Takuma Nakahira, Koji Taki et Takahido Okada, Provoke – autant un journal philosophique, politique qu’un magazine photo. Malgré sa brève existence, Provoke marque l’histoire de la photographie japonaise, qui est définie par ses fondateurs comme le seul medium capable de saisir la réalité.

« Aujourd’hui que les mots ont perdu leur assise matérielle – autrement dit leur réalité -, et semblent suspendus dans les airs, un oeil de photographe peut capturer des fragments de réalité que le langage en tant que tel n’est pas capable d’exprimer. Il peut présenter ces images comme des documents à considérer indépendamment du langage et de l’idéologie. C’est pourquoi, aussi effronté que cela puisse paraître, Provoke a pour sous-titre ‘documents de pensée provocateurs' ».

Pendant les années suivantes, le photographe travaille sur son premier grand livre en noir et blanc Toshi-e (Vers la ville), qui sera publié en 1974. Takanashi traque l’invisible en prenant des photos de la ville et de la campagne environnante, essentiellement depuis une voiture en mouvement.

« J’ai pris quantité de photos de la ville en train de changer au fil du temps. J’ai changé d’appareil. J’ai changé la focale de mes objectifs. J’ai changé mon rythme de marche pendant que je prenais mes photos. Mon but n’est pas d’empiler jusqu’au ciel des chefs-d’oeuvre pour former une pyramide, mais de marcher les pieds sur terre pour faire des images anonymes. Je vais continuer à marcher de plus en plus loin en traçant une ligne infinie et ce sera tout. »

A partir de 1975, le photographe se tourne vers le Japon traditionnel. Il saisit les plus anciens quartiers de Tokyo. La couleur et le grand format lui permettent de rendre cette atmosphère surannée et de nombreux détails.

En 1982, Y. Takanashi devient professeur assistant de l’université de Tokyo. Il réalise une autre série en couleur sur les bars du quartier populaire de Shinjuku, où il a grandi. Les décors montrent un mélange d’antiquités et d’enseignes lumineuses au nom de marques américaines.

Le second étage m’a impressionnée car les oeuvres y représentent un Japon traditionnel qui me fascine. Livres qui pendent avec leur calligraphie si esthétique, vieux vélo avec sur son porte-bagage une raquette en bois, tongs laissées sur le seuil des portes. Des images qui ravivent une atmosphère orientale d’antan, mise en valeur par le choix de couleurs tamisées, plus poétiques, selon moi, que celles en noir et blanc. Quoi qu’il en soit, l’ensemble des séries présente un chassé-croisé – modernité de la couleur/vie traditionnelle ;  technique ancienne du noir et blanc/modernité de la société – intéressant à découvrir.

 

 

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