Réouverture musée J.-André

Turner – Peintures et aquarelles – Collections de la Tate

Jusqu’au 11 janvier 2021

Musée Jacquemart-André, 158 bd. Haussmann, Paris 8e

Le musée Jacquemart-André bénéficie d’un prêt exceptionnel de la Tate Britain, pour soixante aquarelles de Joseph Mallord William Turner (1775-1851), dont elle détient la plus grande collection au monde. L’occasion de découvrir, en parallèle d’une dizaine de peintures à l’huile, la maîtrise des couleurs d’un des plus grands paysagistes anglais de la fin du XVIIIe – début XIXe siècle.

J. M. W. Turner (1775 – 1851), Venise : vue sur la lagune au coucher du soleil, 1840. Aquarelle sur papier. Tate, accepté par la nation dans le cadre du legs Turner 1856. Photo © Tate

L’art de Turner se distingue par son interprétation de la lumière et des effets atmosphériques sur les paysages, en particulier anglais et vénitiens.

Pour autant, « ce n’est pas un précurseur des impressionnistes », prévient Pierre Curie (conservateur du musée Jacquemart-André), co-commissaire de l’exposition, en guise d’introduction. « Les impressionnistes ne connaissaient pas Turner. En revanche, ses huiles – notamment Le Rameau d’or (1834, exposé en salle 5) – ont influencé les Préraphaelites et annoncent le symbolisme ».

J. M. W. Turner (1775 – 1851), Coucher de soleil, vers 1845. Aquarelle sur papier. Tate, accepté par la nation dans le cadre du legs Turner 1856 Photo © Tate

Le parcours met en regard les aquarelles avec les huiles, pour démontrer la double personnalité de Turner dont l’une est peu connue : ses aquarelles expérimentales, oeuvres à part entière qu’il a conservées toute sa vie dans son atelier, et qui lui ont permis son formidable travail sur les effets de lumière.

« D’un côté, on a un Dr Jekyll, qui peint pour une clientèle noble, et deviendra président de la Royal Academy of Arts. De l’autre, on a un Mr. Hyde, qui pousse l’audace plus loin, ne termine pas ses oeuvres, et peint ‘ce qu'[il] voit, non ce qu'[il] sait être là' ».

Le peintre a légué à la Tate Britain un fonds important comprenant des centaines d’aquarelles peintes « pour son propre plaisir », selon l’écrivain John Ruskin, qui a été l’un des premiers à avoir étudié l’ensemble du legs. Un fonds qui révèle la modernité de ce peintre romantique, autodidacte.

J. M. W. Turner (1775 – 1851), Vue des gorges de l’Avon, 1791. Crayon, encre et aquarelle sur papier. Tate, accepté par la nation dans le cadre du legs Turner 1856. Photo © Tate

Turner est issu d’un milieu modeste et travaille d’abord comme architecte. Il prend des cours de perspective et de topographie – ce qui explique le réalisme topographique de ses premières représentations de châteaux anglais – puis entre à l’école de la Royal Academy à l’âge de quatorze ans. Il part alors en quête d’expérimentations lumineuses et colorées. Il aurait déclaré qu’il ne travaille pas « selon un processus établi, mais joue avec les couleurs jusqu’à ce qu’il ait exprimé ce qu’il avait en tête. »

J. M. W. Turner (1775 – 1851), Quai de Venise, palais des Doges, exposé en 1844. Huile sur toile. Tate, accepté par la nation dans le cadre du legs Turner 1856, Photo © Tate

Son voyage en Italie (1819/20), qu’il réalise tard dans sa carrière, en raison du blocus continental initié par Napoléon contre le Royaume-Uni, est un véritable choc. Les teintes bleues-grises de ses paysages anglais et hollandais (bien représentés dans les collections anglaises) virent au jaune, rose et rouge.

J. M. W. Turner (1775 – 1851), Le Lac Léman, avec la Dent d’Oche, au-dessus de Lausanne,1841. Graphite et aquarelle sur papier. Tate, accepté par la nation dans le cadre du legs Turner 1856. Photo © Tate

Ses dernières aquarelles, représentant Venise en 1840, sont particulièrement lumineuses. La lumière interagit avec les reflets sur l’eau de la lagune ; les formes architecturales se dissolvent dans des lavis miroitants.

Le parcours nous fait découvrir un Turner magicien des couleurs, audacieux, à la limite de l’abstraction, un siècle en avance !

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