Réouverture MQB-JC

Helena Rubinstein – La collection de Madame

Jusqu’au 27 septembre 2020

Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris 7e

Le musée du quai Branly expose une sélection de l’impressionnante collection d’arts primitifs de la self-made woman Helena Rubinstein, (1870/72 ? – 1965) à la tête d’un empire de cosmétique éponyme (groupe L’Oréal aujourd’hui). Et une des premières collectionneuses des arts africains et océaniens.

Masque-heaume ngontang
Fang, Gabon, région du fleuve Komo, XIXe siècle
 © Detroit Institute of Arts, Founders Society Purchase

Au début du XXe siècle, le marché des arts extra-occidentaux commence juste à se développer, grâce à l’influence des artistes avant-gardistes qui s’en inspirent. Helena Rubinstein n’aura de cesse de proclamer la dette de l’art moderne envers les arts primitifs.

La vitrine des têtes Agni, au 24, quai de Béthun, Paris, années 1950
© Paris, Archives Helena Rubinstein – L’Oréal

Le point de départ de cette exposition, organisée par Hélène Joubert (Responsable de l’Unité patrimoniale des collections Afrique du musée), a été l’analyse de la vente aux enchères de 1966 de la collection de Madame Rubinstein à New York. Les pièces étaient éparpillées aux quatre coins du monde. « Il a fallu les rassembler et les emprunter dans la limite du budget de l’expo », précise la commissaire, « ce qui a nécessité deux ans de travail. »

Poterie funéraire représentant un démon. Amérique du Sud
Terre cuite, 200 av. J.-C. – 600 ap. J.-C.
© musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Valérie Torre

Soixante-cinq objets ont ainsi été rassemblés, principalement de l’art africain. Seuls quatre objets à la toute fin du parcours illustrent l’art du Mexique, du Pérou et de la Colombie Britannique.

Étrier de poulie de métier à tisser.
Baoulé, Côte d’Ivoire, XIXe siècle
© Collection privée

L’ensemble est dominé par un regard visionnaire, audacieux pour l’époque, et pointu. Madame Rubinstein ne cherche pas à constituer une collection exhaustive des arts africains et océaniens mais fonctionne au coup de coeur et choisit des pièces rares qu’elle se plaît à être seule à posséder. En contrepartie, sa position de riche femme d’affaires a permis de rendre l’image des arts extra-européens plus positive aux Etats-Unis.

Comment cette serveuse de bar en Australie a-t-elle construit cette collection de plus de 350 lots d’objets, cédés pour 470.000 dollars en 1965 ? Dès 1935, Helena Rubinstein prêtait une dizaine d’oeuvres pour l’exposition « African Negro Art » au Museum of Modern Art, à New York.

Née Chaja Rubinstein, à Kazimierz (quartier juif de Cracovie) en Pologne, celle qui se fait appeler maintenant Helena Juliet Rubinstein émigre en l’Australie en 1896.

Le salon de musique, 24, quai de Béthune,Paris, 1950
© Paris, archives Helena Rubinstein – L’Oréal

Entre 1901 et 1907, elle met au point la formule de sa première crème de soin, appelée Valaze, et fait aussitôt fortune. Elle crée le concept du salon de beauté. A Melbourne, puis dans le reste du pays, en Europe (Paris, Londres), et aux Etats-Unis. Elle lance le slogan « Beauty is Power ».

C’est le sculpteur Jacob Epstein qui l’initie au domaine de l’art. Elle fréquente les cercles intellectuels, les galeries d’art et les ventes publiques – notamment celle de la collection Fénix Fénéon (1947). Elle conservait ses plus belles pièces dans son hôtel particulier de l’île Saint Louis à Paris.

Madame voyageant en bateau avec ses objets, un masque Gouro et un masque Fang. Photographie prise au départ du Havre vers New York, 15 février 1934
 © Paris, archives Helena Rubinstein – L’Oréal

Elle appréciait tant ses oeuvres qu’elle voyageait avec certaines et les transportait d’une demeure à l’autre ! Elle aimait se faire prendre en photo avec, se mettre en scène devant son trésor.

Une collection qui force l’admiration, à découvrir !

Taggé .Mettre en favori le Permaliens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *