L’azur troublant de Shin Soohee

Shin Soohee, Flottant, 2007Shin Soohee. Paysages en bleu

Jusqu’au 15 juin 2008

Musée du Montparnasse, 21, avenue du Maine 75015, 01 42 22 91 96, 5€

Une ligne d’horizon qui confond ciel et mer et des rondeurs lunaires. Tels sont les principaux motifs développés par l’artiste coréenne Shin Soohee dans sa nouvelle exposition au musée du Montparnasse. Un travail qui invite à la contemplation tranquille. Mais aussi à une inquiétante introspection.


Si les anciennes lignes géométriques chères à Shin Soohee ont disparu dans cette exposition, il en reste une forme opposée – le cercle – et la constance de la couleur bleue.

Petite, Shin, avait demandé à sa soeur de lui décrocher la lune. « Elle est alors montée sur le large rebord de la fenêtre, a agité un petit bâton en direction de la lune, mais celle-ci était bien trop vaste pour se laisser enlacer, même avec les bras grands ouverts. Jamais je ne pourrai revoir une lune aussi ronde et aussi ample », confie à l’artiste (interview avec Oh Kwangsu, critique d’art, 2008).

Shin Soohee, Soleil jaune, 2008Alors, enfant surdouée – Shin donne sa première exposition a dix ans – elle apprend elle-même à peindre la lune. L’une des oeuvres exposées représente un fond aux variations bleutées, avec un écran projettant un faisceau lumineux, tantôt jaune, tantôt rose, de forme circulaire.
Dans d’autres tableaux, l’ample rond doré peut autant faire penser à la pleine lune une nuit d’été, qu’à un soleil incandescent sur un fond d’azur. On pense sans conteste à Monet.

Pourtant, l’artiste se défend de consciemment peindre des cercles. « Avec un petit pinceau abondamment trempé dans la peinture, je trace une ligne droite horizontale. Je commence par des traits courts, puis j’en dessine qui sont de plus en plus longs, ensuite qui redeviennent courts, et j’entasse ainsi tous ces traits, qui, au final, prennent une forme ronde, à mon insu ».

Shin Soohee, Soleil bleu, 2008Un acte spontané et inconscient, donc, qui engendre une peinture lumineuse. Qui happe le regard. Les yeux se perdent dans ce bleu, qui bien que de teinte claire, n’en est pas moins profond.

L’art de Shin Soohee appelle à la fois la méditation zen et au questionnement introspectif. Quelles visions intérieures surgissent lorsque l’on se perd dans ce bleu abyssal? Loin, d’être apaisant, cet azur vaporeux percé de son cercle lumineux dégage une tension perceptible.

Equilibre et chaos sont les maîtres mots de l’art de Shin Soohee, qui synthésise à merveille les valeurs orientales et occidentales. Un hybride artistique envoûtant.

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