Côté littérature italienne

Petit art de la fuite d’Enrico Remmert

Editions Philippe Rey, janvier 2013, 18€

 

Un des meilleurs romans qui me soit tombé sous la main dernièrement! Petit art de la fuite d’Enrico Remmert (né en 1966, vit à Turin) nous entraîne dans un road trip, à la fois cocasse, musical et poétique. L’écriture est vivifiante et profonde. Un vrai régal.

Manu, monitrice d’auto-école et gogo danseuse, entraîne dans sa Baronne – une vieille Fiat Punto – sa meilleure amie Francesca, vétérinaire, et son futur ex-fiancé, Vittorio, violoncelliste. Ils se dirigent vers Bari où celui-ci vient d’être engagé pour cinq mois.

Francesca entend profiter de ce voyage pour annoncer sa rupture à Vittorio. Tandis que Manu fuit son copain DJ, Ivan, avec dans son coffre, un Keith Haring qu’elle lui a volé, en gage de représailles contre des violences à son encontre.

Au fur et à mesure que la Baronne rend l’âme, chacun des personnages se dévoile. Vittorio se libère de son angoisse existentielle tandis que Francesca se retrouve empêtrée dans ses sentiments amoureux. Et, Manu aimerait bien profiter de la faille entre Vittorio et Francesca pour s’immiscer…

« […] à présent il s’interprète vraiment, remplissant le silence ouaté de la neige, et ce qui s’échappe de son violoncelle est unique, ce qui est unique est perdu à jamais ; sans un mot, comme si vous obéissiez à un ordre posthypnotique, tu descends de voiture en même temps que Francesca – laquelle éteint son téléphone portable qui s’est mis à sonner et le glisse dans sa poche, envoûtée par la scène -, comprenant que tu aimes vraiment Vittorio et qu’elle est encore amoureuse de lui ; vous vous plantez au bord de la route, captivées par cette musique qui paraît appropriée au lieu et au moment, et tu as une illumination : ce n’est pas lui que Vittorio interprète, c’est vous trois, c’est une espèce de bande originale de vous trois […] » (p.202).

Portrait d’une jeunesse désorientée. Peut-être. Mais qui reste positive. Chacun des personnages s’affirme au fur et à mesure qu’il est confronté aux différentes péripéties jonchant ce parcours initiatique. Leur introspection est le prétexte pour l’auteur à émettre quelques pensées profondes qui se glissent en filigrane derrière l’apparente légèreté de cette épopée déjantée.

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