Un hymne à la Finlande
#ExpoPekkaHalonen
Jusqu’au 22 février 2026
Petit Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e
Le Petit Palais présente la première rétrospective parisienne consacrée à l’artiste finlandais Pekka Halonen (1865-1933), venu étudié la peinture à l’huile à Paris (non enseignée dans son pays). Ce qui lance sa carrière à son retour chez lui.

Dans la lignée de la re-découverte des grands artistes scandinaves, le Petit Palais nous fait quitter la Suède de Bruno Liljefors pour la Finlande enneigée de Pekka Halonen.

L’artiste incarne l’âge d’or de la peinture finlandaise, avec son compatriote Akseli Gallen-Kallela ou Albert Edelfelt, avec qui il partage une synthèse des courants modernistes de l’époque, entre le japonisme, le synthétisme, et le pleinairisme. C’est d’ailleurs dans ce dernier domaine qu’il excelle, en traduisant plastiquement son osmose avec la nature. En particulier, autour du lac enneigé de Halosenniemi, où il réside avec sa famille, et peint en extérieur, même en plein hiver.

Pekka Halonen, né à Lapinlahti (centre-est de la Finlande), est bercé très jeune par la nature, la vie rurale, et les traditions finlandaises (chasse, récoltes, résilience, force du travail collectif // foyer domestique, sauna, musique).
« La source originale de mon inspiration est la Nature », confie-t-il au journal Svenska Pressen (mai 1932). « Depuis 30 ans, je vis au même endroit, avec la forêt à mes pieds. J’ai souvent pensé que j’avais le Louvre ou les plus grands trésors du monde à ma porte. Il me suffit de me rendre dans la forêt pour voir les plus merveilleuses peintures – et je n’ai besoin de rien d’autre ».

Le parcours débute par une présentation de ses fusains, issus de ses années de formation à l’École de dessin de la Société des beaux-arts de Finlande à Helsinki, et des trois grands maîtres français qui l’influenceront lorsqu’il séjournera à Paris (plusieurs voyages entre 1890 et 1894) : Jules Bastien-Lepage (Portrait du grand-père de l’artiste, 1874) et Jean-François Millet en raison de leur penchant pour le naturalisme ; Paul Gauguin (Vieil Homme au bâton, 1888) et les nabis pour les couleurs (Sorbier des Oiseleurs, 1894 ; Pionniers en Carélie, 1900) ; Pierre Puvis de Chavanne pour son art décoratif.
La deuxième section du parcours dévoile les artistes exposés lors de l’Exposition universelle de 1900, où la Finlande est représentée pour la première fois avec son propre pavillon – une bravade face à la tutelle du tsar russe Nicolas II, qui vient de les priver d’une partie de leurs libertés (Contrée sauvage, 1899).

Au début du XXe siècle, Pekka Halonen construit sa propre maison-atelier, au bord du lac de Tuusula, à une trentaine de kilomètres de Helsinki. Le visiteur est transporté au sein de son foyer, avec la reconstitution partielle de son intérieur (palette de peintre, skis, Nature morte de 1909, dans laquelle on aperçoit à l’arrière-plan sa femme qui joue du piano, et au premier plan des reflets sur les pots de ses pinceaux et diverses carafes).

Peintre écologique avant l’heure, Pekka Halonen s’inquiète et s’insurge contre les nombreuses coupes du bois (Grand pin de Kotavuori, 1916), richesse naturelle du pays.
La dernière salle offre un panorama de sa dextérité pour traduire les différents aspects de la neige, du début de l’hiver à l’arrivée du printemps, avec sur les cimaises une cinquantaine de termes finlandais pour décrire toutes les nuances de l’enveloppe immaculée.
Dans Jour d’hiver (1895), l’artiste représente une pente enneigée en plongée avec sur la gauche, un lièvre blanc qui cavale et peut être interpréter comme un « autoportrait de l’artiste qui fusionne avec la nature », commente Annick Lemoine (directrice du Petit Palais), co-commissaire de l’exposition.

Au fil de la saison, ses oeuvres deviennent de moins en moins figuratives comme dans Forêt en hiver, Kinahmi (1923), où les arbres recouverts d’un épais manteau de neige forment une vision presque abstraite.

Puis quand vient le temps des premiers jours de printemps, sa palette devient plus lumineuse, avec des couleurs pures, et l’on retrouve l’influence japonisante comme dans Jeune sapin couvert de neige (1899) ou Rochers couverts de neige et de glace (1911).
L’exposition s’accompagne de cartels sous forme de flocons de neige à destination des enfants et de diffuseurs olfactifs pour plonger le visiteur parmi diverses essences du bois et même de la neige ! Le parcours est magnifiquement mis en scène et les oeuvres vous incitent à prendre un billet d’avion pour découvrir in situ la somptuosité du blanc septentrional – un joli cadeau de Noël à susurrer à vos proches !