Notre-Dame de Paris

De Victor Hugo à Eugène Viollet-le-Duc

Exposition à partir du 9 septembre 2020

Crypte archéologique de l’île de la Cité, Parvis de Notre-Dame, Paris 4e


Fermée depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris (15/04/2019), la crypte archéologique de l’île de la Cité rouvre ses portes avec une exposition hommage à l’édifice religieux, devenu icône nationale depuis la parution du roman de Victor Hugo (1831).

Corinne Vionnet (1969-), Paris (04), 2017, de la série Photo Opportunities/Paris
Impression jet d’encre pigmentaire. Collection du musée Carnavalet – Histoire de Paris © Corinne Vionne

L’exposition permet à la fois d’admirer les vestiges de Lutèce trouvés aux abords des remparts et dans la nécropole des Gobelins. Et l’histoire de la célèbre cathédrale, dont le renouveau est lié au succès de la parution du roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo.

Au début du XIXe siècle, l’état de la cathédrale, construite entre 1163 et 1345, se dégrade tant (par le temps et des actes de vandalisme commis pendant la Révolution) qu’on envisage de la démolir !

Mais, Victor Hugo, passionné de monuments historiques, place la trame de son récit au coeur de la cathédrale de Paris et en fait un roman dramatique à succès, qui inspirera auteurs, photographes, peintres, et cinéastes. Comme le dévoilent les oeuvres de l’exposition.

Eugénie Henry épouse Latil (1808-1879), Quasimodo sauvant la Esmeralda des mains de ses bourreaux, 1832. Huile sur toile © Maisons de Victor Hugo / Roger-Viollet

Les éléments clés du roman sont rapidement esquissés : biographies de Quasimodo et Esméralda, et incendie littéraire, initié par Quasimodo pour la sauver de ses poursuivants (il allume un feu entre les tours pour faire fondre du plomb et le déverser sur les bandits), qui résonnera de manière tragique en 2019.

Les détracteurs de Victor Hugo lui reprocheront le manque de spiritualisme de l’épopée. « Certes, dans ce roman Hugo n’évoque pas la dimension religieuse de la cathédrale. Mais il la transforme en un monument national », commente Vincent Gille (conservateur à la Maison de Victor Hugo, un des commissaires de l’exposition).

D’ailleurs le succès est au rendez-vous. Du public émerge un immense mouvement populaire et une levée de fonds qui va permettre la restauration de la cathédrale, menée par Jean-Baptiste Lassus puis Eugène Viollet-le-Duc, jusqu’en 1864.

Charles Nègre (1820-1880), Le Stryge, vers 1853. Tirage sur papier salé
© Musée d’Orsay

Ce dernier fait appel au sculpteur Victor Geoffroy-Dechaume (1816-1892) pour la restauration des statues, gargouilles et autres éléments décoratifs. Il s’inspire du roman d’Hugo pour le stryge, montre mi-sorcière mi-oiseau qui veille sur la ville, et évoque les protagonistes de Notre-Dame-de-Paris.

Charles Marville (1813-1879), Flèche de Notre-Dame en plomb et cuivre martelé, vers 1860. Tirage sur papier albuminé. Vue de la flèche conçue par Viollet-le-Duc
© Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris

L’apport symbolique de Viollet-le-Duc reste la remise de la flèche, qui surplombait l’église au XIIIe siècle avant d’être démontée, suite à son affaissement. Il la veut plus haute de quinze mètres et lui fait prendre appui sur les fondations redécouvertes au-dessus de la croisée du transept. Elle est ornée de douze statues des apôtres, sculptés par Geoffroy-Dechaume, dont l’un – saint Thomas -, prend l’effigie de Viollet-le-Duc.

Des photographes célèbres illustrent cette restauration d’ampleur (le médium naît officiellement en 1839), parmi lesquels Henri Le Secq, Charles Nègre, Charles Marville, Gustave Le Gray, Auguste Mestral ou les frères Bisson.

Henri Meyer (1844-1899), Victor Hugo. Imprimerie du journal. Le Géant, 26 avril 1868
© Maisons de Victor Hugo / Paris Musées

La renommée de la cathédrale entretient à son tour celle du roman de Victor Hugo qui est traduit dans le monde entier et adapté sur les écrans. Une légende raconte qu’un petit garçon se serait étonné que l’on est construit en vrai le décor du dessin animé éponyme des studios Disney !

Le parcours se termine sur un film de quatre minutes commandé à Jean-Marc Gosse, « Notre-Dame Éternelle ». Le réalisateur s’est appuyé sur des photographies d’archives (pré 15/04/2019) et filment les émotions des visiteurs face à ce monument historique, à « l’allure de bateau sur la Seine », « telle une mère embrassant ses enfants », un lieu empli de « passion, d’histoire, de dévouement ». La musique est particulièrement lyrique.

Une belle exposition familiale, qui nous permet de redécouvrir un pan de l’histoire de Paris. A noter, les oeuvres photographiques et picturales ne sont que des reproductions car la crypte n’étant pas climatisée, les originaux, très fragiles, n’auraient pas survécus. Mais c’est une incitation à aller les voir dans les musées environnants (Carnavalet, Orsay, Maison Victor Hugo).

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