Le théâtre sculpté de Miro

Miro sculpteur

Jusqu’au 31 juillet 2011

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Musée Maillol
, 61 rue de Grenelle 75007

Voilà quarante ans que les sculptures de Miro, bien moins connues que ses peintures, n’ont été exposées à Paris. Le musée Maillol organise une grande rétrospective avec l’aide de la petite-fille d’Aimé Maeght, Isabelle, dont le grand-père a fondé la Fondation Maeght, où Miro pouvait enfin exposer ses oeuvres en bronze grandeur nature. Décryptage d’Olivier Kaeppelin, directeur de la Fondation Marguerite et Aimé Maeght.


« L’extrême force de l’oeuvre de Joan Miró tient dans sa légèreté. Dans ses sculptures la réalité dérange. Elle dit oui et non en même temps, elle assemble ou inverse des réalités incompatibles, l’en bas devient le haut, l’exhibé le caché, le derrière le devant et le bronze une feuille légère. La réalité légale se trouve, se déchire, s’étiole, pour se transformer en un réel vivant, dansant, qui vole, s’attrape ou s’échappe.

Miró se permet de nous faire douter de tout ce que nous voyons pour nous ouvrir non pas à des formes abstraites mais à une abstraction active qui recompose un monde d’où peut naître : une femme, une nuit, un personnage, un oiseau qui, à chaque fois, se créent, se défont et se façonnent, modelés par l’inconscient. »

Ces sculptures forment les personnages d’un théâtre.  Monument dressé en plein océan à la gloire du vent (1969) ou Personnage et oiseau (1970) dessinent une scène verticale où  les êtres semblent se parler, par-delà la matérialité du bronze qui les fige. Grâce au mouvement, au geste, qui les animent. Drôle de paradoxe pour une sculpture en dur! Telle est la puissance de l’oeuvre de Miro.

Le thème de la femme est récurrent, plus particulièrement celui de la femme associée à un oiseau. Si on la reconnaît facilement à ses attributs physiques ou géniteurs (avec un oeuf, signe de fécondité), elle porte également les caractéristiques de l’altérité, la forme phallique du désir masculin (cf. Tête de femme et oiseau, 1972): chaussures dressées, cornes, mais aussi vases, cercles. Pour Olivier Kaeppelin, « ces sculptures sont des totalités, semblables aux êtres hybrides de Louise Bourgeois.  »

Miró mélange les genres. Le corps humain, personnage principal, devient chien, oiseau ou animal sauvage. Il se transforme même parfois en végétation, plante sous-marine, ou élément minéral. « Joan Miró va chercher la gravité, la stabilité et la terre en s’inspirant de la pesanteur des pierres dont il s’échappe par le surgissement d’un rythme, le déploiement d’une ligne dans l’air ou sur la peau du bronze. »

Emplies d’humour et de verves, ses sculptures-personnages se couvrent de couleur pour devenir des mécaniques ubuesques et contemporaines (Jeune fille s’évadant, 1968).

Les créations de Miro représentent autant d’ethnies, qui, entre elles, dansent ou s’affrontent cruellement.
Fascinantes, elles nous surprennent, viennent et s’absentent, comme les esprits des sculptures africaines.

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