La boue des Flandres sous une plume anglaise

Je voulais te dire (My Dear, I Wanted to Tell You) de Louisa Young

Editions BakerStreet, 420p., 21,50€

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Préparez-vous à des nuits d’insomnie! Louisa Young publie Je voulais te dire, une histoire passionnelle sur fond de Grande Guerre. L’auteure britannique décrit avec subtilité la fin d’un monde de classes bipolaire, les ravages de la guerre mais aussi les progrès médicaux (les débuts des reconstructions faciales). Sur un ton juste, éloquent pour parler de tant d’horreurs, mais aussi osé pour ces premières femmes qui découvrent le travail et l’amour libre, Louisa Young nous emporte dans une Angleterre en pleine métamorphose.

 

Nadine – la fille d’un grand chef d’orchestre au Royal Albert Hall – et Riley – fils d’ouvrier – sont amis d’enfance, liés par leur passion pour l’art. Un cas rare car ils viennent de classes différentes et Riley n’aurait pas du, selon les standards de l’époque, bénéficier d’une quelconque éducation académique.

Seulement, à l’âge de 18 ans, ce gouffre social se rappelle à eux. Fini les jeux de cache cache dans Kensington Gardens. Nadine doit se trouver un mari respectable, Riley envisagé un avenir professionnel. La Première Guerre mondiale éclate et donne au jeune homme l’occasion de s’engager. Il part pour les Flandres.

« Ici, je n’existe pas. C’est de cette façon que je me protège de tout ça. Le gigantesque bouleversement, l’écrasante démesure de ce qui se passe ici réduit l’individu à rien. Il n’y a pas de place pour le bien-être individuel, parce le bien-être collectif surpasse tout. Et l’horreur? Nat, on voit des horreurs, et le pire, c’est que je ne les voyais plus avant de partir en permission. J’avais cessé de regarder, parce les voir ne m’aide pas, et je n’aimais pas ce que je voyais. Alors, je me concentre, un état hypnotique de concentration. C’est comme si je passais en courant devant tout, en pensant seulement à l’endroit où je vais. Mon moi est en retrait, j’ai mis des oeillères. Mon corps fait ce qu’il y a à faire. » (p.90).

Riley reste au front pendant trois ans. Nadine est une jeune femme à l’esprit libre et n’attend pas, comme Julia, l’épouse de Peter Locke – le commandant de Riley – que son bien-aimé revienne. Elle s’engage comme infirmière. Au Chelsea Hospital puis en France, pour être au plus près des combats.

Blessé gravement, Riley revient à Londres, changé moralement et physiquement à jamais. Nadine voudra-t-elle encore de lui? Ou plutôt, voudra-t-il encore d’elle?

Un roman poignant, qui ne vous laisse aucun répit. Tant au niveau du suspens narratif que dans la description des multiples ravages de la guerre (sans pour autant tomber dans le sensationnalisme morbide). The Mail on Sunday résume avec brio : « La grande désillusion, avec les rêves et les espoirs si cruellement fracassés dans la boue de Flandres, est superbement dépeinte dans ce roman tendre et élégiaque ».

 

Pour marque-pages : Permaliens.

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