Deux expositions pour un roman

Victor Hugo (1802-1885), La conscience devant une mauvaise action, 1866. Plume et lavis d'encre brune sur papier vélin. Paris, Maison de Victor Hugo (c) Maison de Victor Hugo / Roger-ViolletLes Misérables, un roman inconnu?
Jusqu’au 1 mars 2009
Maison de Victor Hugo, 6, place des Vosges 75004, 5€

Auguste Jean baptiste Cadolle (1782-1849). Vue de Paris, prise de l'arc de triomphe de l'Etoile, 1843. Huile sur toile. Musée Carnavalet (c) Musée Carnavalet / Roger-ViolletParis au temps des Misérables de Victor Hugo
Jusqu’au 1 mars 2009
Musée Carnavalet, 23, rue de Sévigné 75003, 5€

Revenir aux sources des Misérables. Tel est l’objectif de la double exposition consacrée au roman leviathanesque de Victor Hugo dans sa Maison-musée et au musée Carnavalet. La Maison de Victor Hugo propose de rendre vivant le roman à travers une série de peintures, feuilles du manuscrit original et bandes audio-visuelles. Tandis que le musée Carnavalet offre une ballade dans le Paris d’époque, encore affûblé de ses taudis et ruelles obscures datant du Moyen-Age. Partez sur les pas de Jean Valjean, Cosette, Marius, Fantine, Javert…


Le public connaît la comédie musicale ou l’adaptation cinématographique de Robert Hossein (1982) avec Lino Ventura dans le rôle de Jean Valjean et Michel Bouquet dans celui de l’Inspecteur Javert. Au mieux, chacun a étudié quelques passages du livre à l’école. Mais qui a lu le roman dans son intégralité? Qui connaît réellement Les Misérables de Victor Hugo? C’est en partant de ce constat que Danielle Molinari et Vincent Gille, commissaires (Maison de Victor Hugo), ont proposé cette exposition.

Au 2e étage de la Maison-musée de Victor Hugo sont présentées les différentes étapes de la rédaction du roman. De la genèse – un premier roman appelé Les Misères voit le jour en 1845 – à la publication des Misérables en 1862. Après une interruption d’écriture liée aux barricades de 1848 et l’exil de V. Hugo à Guernesey (à partir de 1851).

Anonyme. Petits ramoneurs se désaltérant à l'eau d'une pompe sur le quai du Louvre, vers 1830. Huile sur toile. Musée Carnavalet (c) Musée Carnavalet / Roger-ViolletSi la trame n’a guère changé entre 1845 et 1862, le manuscrit s’est étoffé pour comptabiliser au final quelques 1600 feuillets! Surtout, l’idéologie et l’orientation philosophique du roman ont évolué. Pour Vincent Gille, la rédemption est au coeur de l’ouvrage. Une thématique qui s’explique par le contexte de l’époque – le travail des enfants, la misère, la prostitution.

« Le génie de Victor Hugo est de savoir imbriquer des faits réels et fictifs, de mêler la grande Histoire avec la petite, d’immiscer des éléments autobiographiques dans la trame narrative », analyse le commissaire de l’exposition. Par exemple, Marius a un père général d’Empire et un grand-père royaliste comme Victor Hugo. Ou encore, Cosette adulte tient à la fois des trois amours du romancier (Adèle Foucher, Juliette Drouet, Léonie Biard). Pour l’Histoire, les barricades de 1830, 1848, Waterloo font l’objet de longues disgressions descriptives, si caractéristiques du style littéraire de l’époque.

Gustave Courbet (1819-77). Les amants dans la campagne. Huile sur toile. Paris, musée du Petit Palais (c) Petit Palais / Roger-ViolletL’amour, bien sûr, est également un autre thème cher à Victor Hugo, lui qui a aimé simultanément Adèle Foucher, Juliette Drouet et Léonie Biard! Ainsi, Cosette épouse Marius, aimé en secret par Eponine. Jean Valjean protège Cosette au point de ne plus pouvoir vivre sans elle. Ces jeunes gens se courtisent dans les Jules Arnout (1814-1868). Le Luxembourg, 1845. Lithographie. Musée Carnavalet (c) Musée Carnavalet / ROger-Violletjardins parisiens, représentés tels qu’ils existaient dans l’exposition du musée Carnavalet. Si le jardin du Luxembourg n’a guère changé, le champ de l’alouette a bien évidemment disparu de Paris intra muros!
Ainsi, le musée Carnavalet dévoile des illustrations d’époque tout en mettant en exergue la part de Paris réinventé pour les besoins de la narration de celle du Paris réel des années 1815-33 et de l’époque contemporaine.

Gustave Brion (1824-1877). Jean Valjean. Illustration pour les Misérables. Gravure sur bois. Paris, Maison de Victor Hugo (c) Maison de Victor-Hugo / Roger-ViolletGrâce aux nombreuses illustrations de Gustave Brion (1824-77), Emile Bayard (1837-92), Delacroix, Corot, Courbet, Géricault, Matisse, Picasso, Rodin, etc., présentées à la Maison de Victor Hugo, les personnages clés des Misérables prennent vie sous nos yeux. Tandis que le musée Carnavalet nous transporte dans un Paris encore campagnard – difficile de l’imaginer ainsi! – et propose un guide de promenades dans le Marais sur les traces de trois protagonistes: Gavroche, l’inspecteur Javert et Jean Valjean.

Avant qu’un nouveau téléfilm adapté des Misérables (scoop annoncé par le commissaire de l’exposition!) ne sorte sur vos petits écrans l’année prochaine, il est temps de relire ce roman républicain dont les thématiques restent tellement d’actualité…

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Une réponse à Deux expositions pour un roman

  1. Chris dit :

    Magnifique de vérité cette représentation de la conscience devant une mauvaise action. Amitiés.

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