Un art du divin
Jusqu’au 8 septembre 2025
Musée Guimet, 6 place d’Iéna, Paris 16e
Pour célébrer le centenaire de la mort de l’explorateur français Louis Delaporte (1842-1925), le musée Guimet ouvre une grande exposition sur la statuaire en bronze du site d’Angkor, révélé aux Français par Delaporte.

Si le site d’Angkor est surtout connu pour ses constructions en pierre, l’art khmer a aussi produit des statues en bronze, qui ont bénéficié récemment de nouveaux travaux archéologiques.
Six institutions se sont rassemblées pour produire cette exposition sur l’art khmer, dont la dernière remonte à 1997 au Grand Palais. « Une exposition d’autant plus événementielle », commente Yannick Lintz, directrice du musée Guimet, que le rez-de-chaussée accueille un trésor national du musée national du Cambodge : la statue du Vishnou couché du Mébon occidental (un sanctuaire du 11e siècle à l’ouest d’Angkor) retrouvée en 1936, qui mesurait plus de cinq mètres de longueur.
Angkor a été la capitale du royaume khmer, maître de l’Asie du Sud-Est du 9e au 15e siècle. De ce prestigieux passé ne sont restés que des monuments en pierre, sanctuaires hindous et bouddhiques, qui conservaient des objets sacrés et des statues en or, argent ou bronze souvent doré.
Le parcours de l’exposition retrace à travers près de 250 chefs-d’oeuvres l’histoire de l’art du bronze khmer, cet alliage de cuivre et d’étain, produit dès le IIe siècle avant notre ère. Nombre de cimetières ont été pillés mais il reste un ensemble de petits et grands objets, telle cette cloche et un récipient rituel (?) datant de l’âge de Fer (500-400 av. J.-C.), exposés en préambule de l’exposition.
S’ensuit une sélection de bouddhas faisant le geste de l’argumentation (pouce et index reliés) ou de statues de Shiva, commandés par les souverains khmers à l’âge d’or du bronze (12e siècle), dont le roi Jayavarman VII (tête du 12e-13e siècle). Bonus : des radiographies de statues permettent de visionner les armatures intérieures qui ont permis de tenir leur moulage. L’effet rendu est la fois instructif et esthétique.
Le métal intervient dans la décoration des temples, des moulures des soubassements jusqu’aux bas-reliefs des linteaux et des frontons. Une reconstitution de ces décorations est exposée à travers une série de moulages magnifiques.

La dernière salle présente dans une scénographie inspirante des statuettes du XXe siècle nichées dans des alcôves, héritées de la tradition angkorienne, et un documentaire (6mn) sur l’aura du Vishnou couché. Cette statue a bénéficié en 2024 d’une campagne d’analyses scientifiques et de restauration en France pour rassembler ses fragments séparés et reconstituer virtuellement sa splendeur originelle.
Qui ne rêve pas de partir à Angkor après une telle exposition ?!!